Discours du chef libéral Justin Trudeau aux délégués du Congrès biennal du PLC(Québec)
26 mai 2014
24 mai 2014
La version prononcée fait foi
Chers amis libéraux,
C’est super d’être ici, avec vous, à Victoriaville.
Quelle salle, quelle énergie. Vous ne pouvez pas savoir comment c’est bien de voir autant de gens de partout au Québec se rassembler, confiant de l’avenir du Parti libéral du Canada au Québec.
La dernière fois que je suis venu ici, c’était pendant la course au leadership. Pendant cette course vous savez, je suis allé à la rencontre des Québécois, dans tous les coins du Québec et j’aimerais vous dire que ça fait du bien de voir autant de ces gens de tous les coins du Québec se rassembler ici, au centre du Québec, à Victo.
Mes amis nous nous retrouvons à un moment important pour notre parti, et pour notre pays. Dans un peu plus d’un an, les Canadiens seront appelés à choisir un gouvernement.
Et quand je vois des foules comme ici partout au pays, je sais comme vous que ce gouvernement sera libéral.
Je veux donc vous parler aujourd’hui un peu d’où nous venons, du chemin que nous avons parcouru ensemble, mais surtout où nous allons et du travail qu’il nous reste à accomplir.
Quand je suis devenu chef du parti, il y a un an, la tâche qui nous attendait était considérable.
Nous nous sommes mis au travail. Et nous avons accompli beaucoup.
Nous nous sommes dotés d’une organisation politique digne du 21ième siècle, grâce en partie au travail de Québécois comme Anna Gainey et Michel Archambault.
Le travail acharné de l’équipe de Stephen Bronfman, nous a rendus compétitifs sur le plan du financement. En fait, nous pouvons maintenant compter sur un plus grand nombre de donateurs que le Parti conservateur. Ce qui n’est pas rien.
Mais surtout, nous avons bâti – et continuons de bâtir – une équipe extraordinaire. Des hommes et des femmes de tous les horizons, de toutes les régions du pays ont joint notre Parti.
Et je suis particulièrement fier de mon équipe au Québec.
Marc, avec son sens du service, de l’aventure et son esprit scientifique.
Stéphane, avec sa rigueur intellectuelle et sa passion pour notre démocratie et notre pays.
Irwin, une sommité dans la justice et les droits de la personne.
Francis, pour son leadership de notre caucus national et sa passion pour l’environnement et nos cours d’eau.
Massimo, une force dans nos communautés culturelles, sur le terrain, et dans les comités du parlement.
Lise, une femme de principe qui est une voix forte pour sa région, dévouée pour l’apprentissage et la petite enfance.
Et Emmanuel… cette voix, cette énergie ce mariage de la passion et de la rigueur. Pas exactement l’image d’un comptable ordinaire.
Une équipe dont tous les Québécois peuvent être fiers.
Fiers aussi de pouvoir compter sur Dan Gagnier, coprésident de la campagne nationale et sur Marie Tremblay et Pablo Rodriguez, les coprésidents de la campagne ici au Québec.
Mais je suis encore plus fier de pouvoir compter sur du sang neuf, des gens de grand talent qui porteront la bannière libérale en 2015. Ce n’est qu’un début, mais je peux déjà souligner des gens comme:
François-Philippe Champagne, notre candidat dans Saint-Maurice—Champlain: un jeune entrepreneur avec une feuille de route impressionnante qui est bien enraciné dans sa région.
Karine Desjardins, dans Beloeil—Chambly, qui a travaillé en finance sur des projets environnementaux, mais qui est aussi très impliquée dans le domaine des arts et de la culture.
Claude Boucher, diplomate distingué qui a été ambassadeur du Canada en Haïti, qui se présente dans Lévis—Lobtinière.
Marie-Josée Normand, comédienne-auteure maintenant experte en sécurité financière et candidate dans Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup.
Faute de temps, je ne peux pas nommer tout le monde, mais sachez ceci:
Aux prochaines élections, le Parti libéral du Canada ne sera plus simplement le Parti de Montréal.
Nous allons faire élire des députés dans toutes les régions du Québec.
Nous aurons la meilleure équipe de candidats et la meilleure organisation sur le terrain et bien sûr les meilleurs militants et bénévoles.
Mes amis, la confiance des gens, ça se mérite. Nous travaillerons sans relâche pour établir un lien fort avec nos concitoyens dans tous les comtés du Québec. Nous serons leurs représentants à Ottawa, et non l’inverse.
Le gouvernement Harper est usé, déconnecté de la réalité et arrogant.
Comme vous, j’ai été choqué hier d’apprendre ce qui s’est passé dans les coulisses autour de la nomination du juge Nadon à la Cour suprême. Ce n’est pas juste un manque de respect pour les Québécois, c’est un manque de respect envers les institutions de notre pays. C’est un manque de respect envers les Canadiens. Le premier ministre Harper a démontré encore et encore qu’il s’intéresse plus au sort du Parti conservateur qu’au bien-être du notre pays. Son manque de jugement, lorsque vient le temps de respecter les traditions et les institutions qui appuient et défendent notre démocratie, est franchement ahurissant.
C’est devenu une habitude pour M. Harper. Il s’attaque à tous ceux qui nous défendent: la Cour suprême, Élections Canada, nos scientifiques et nos chercheurs, et même nos anciens combattants.
M. Mulcair lui, il parle du Sénat et veut rouvrir la constitution. Et, apparemment, il fait des tours de passe-passe avec l’argent du public dédié à son bureau parlementaire.
Le problème avec le NPD, c’est qu’il se trompe sur trop de grands enjeux auxquels nous faisons face: le commerce international, les ressources naturelles, l’unité nationale et l’économie.
Le problème avec le NPD est qu’ils ne sont pas capables de faire les bons choix. Que ce soit sur l’économie, le commerce, les ressources naturelles et l’unité nationale. Ils défendent les mauvais enjeux.
Les Québécois, comme tous les autres Canadiens, nous demandent de faire de la politique autrement. Ils s’attendent à plus – et à mieux.
C’est ce que nous allons leur offrir: un gouvernement intègre qui rassemble et non qui divise, et qui est obsédé non pas par le combat contre ses adversaires politiques, mais par la réussite de tous les Canadiens.
Au tout début du débat sur la fameuse charte du PQ, j’ai été l’un des premiers à dire que les Québécois rejetteraient la politique de la division. Ce qu’ils ont fait très clairement le mois passé.
Je ne dis pas ça pour narguer le PQ. Je le dis pour qu’on se souvienne qu’il faut toujours avoir confiance au jugement des Québécois. Nous qui sommes un peuple fier et confiant dans l’avenir.
Il y a une leçon à tirer de cela.
L’espoir triomphe toujours sur la peur.
Plutôt que de faire appel à la méfiance et à l’envie, faisons appel au meilleur de chacun d’entre nous, et à ce que nous pouvons accomplir ensemble.
Nous avons du pain sur la planche mes amis.
La classe moyenne en arrache au Canada.
Les données montrent que les revenus des familles de la classe moyenne stagnent. L’endettement des ménages a atteint des sommets inquiétants. L’accès à une propriété dans les villes est de plus en plus difficile. Les jeunes ont peine à se trouver de bons emplois. Les gens qui ont travaillé toute leur vie réalisent qu’ils n’auront peut-être pas assez d’épargne pour prendre leur retraite.
Pour la première fois depuis très longtemps, les parents s’inquiètent que leurs enfants auront un avenir moins prometteur que le leur.
Pendant ce temps à Ottawa, M. Harper insiste que tout va bien. Et M. Mulcair veut tout régler en ouvrant la Constitution. Comme on dit ici au Québec, ils sont dans le champ pas à peu près.
Il y a quelques semaines, j’ai donné un discours économique à Vancouver.
Dans les grandes lignes, j’ai énoncé les priorités d’un gouvernement libéral.
Pour que notre classe moyenne réussisse, nous devons créer les conditions pour une croissance économique soutenue à long terme dont ils vont bénéficier. Ce n’est pas sorcier.
Il faut d’abord investir dans notre ressource la plus précieuse, les Canadiens, en s’assurant que nous devenons le pays le plus éduqué au monde. Ottawa ne gère pas le système d’éducation – et il y a de bonnes raisons pour cela – mais avec les provinces, nous pouvons établir des objectifs ambitieux.
Il faut augmenter et diversifier nos exportations, et aider nos entreprises à conquérir les marchés émergents comme ceux de l’Asie.
Il faut investir dans nos infrastructures, non seulement parce que ça crée des emplois, mais parce que ça nous permet d’attirer des investissements et améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
Comme nous avons vu dans le dossier de l’oléoduc Keystone XL, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les autres pays achètent nos ressources naturelles si nous ne prenons pas des mesures concrètes et durables pour protéger notre environnement. L’un va avec l’autre.
Les pays qui réussiront économiquement au cours du prochain siècle seront ceux qui saisiront les opportunités liées à l’économie à faibles émissions de carbone.
Sur ce plan, le Québec est un modèle à suivre avec l’hydro-électricité.
Le Canada doit devenir un leader mondial en technologies vertes, en recherche et en innovation et en faire plus sur le plan de l’énergie renouvelable. Une compagnie que j’ai visitée à Trois-Rivières, Marmen, est déjà reconnue comme l’un des plus importants fabricants de tours d’éoliennes en Amérique du Nord et a contribué à l’essor et au développement de l’industrie éolienne partout dans le monde.
Le gouvernement a un rôle à jouer pour aider le développement économique de nos régions. Nous savons que les PME de moins de 100 emplois sont le poumon de nos régions ici au Québec. Voilà pourquoi il nous faut plus d’exportations, d’innovation et de commercialisation.
Avant de conclure, je veux dire quelques mots sur le Parti libéral du Canada et le Québec.
Depuis plusieurs années, les Québécois regardent ce qui se passe à Ottawa avec peu d’intérêt. Ils ne se reconnaissent pas dans le Canada de M. Harper.
Dire que le gouvernement de M. Harper est mauvais ne sera pas suffisant. Les Québécois veulent un choix positif. Un choix rassembleur. C’est ce que nous allons leur offrir.
Le NPD a remplacé le Bloc comme parti d’opposition. Nous sommes en quelque sorte revenus à la case de départ. M. Harper est toujours là.
Il y a bien des enjeux avec lesquels je suis parfaitement en accord avec notre nouveau premier ministre Philippe Couillard et l’engagement des Québécois envers le Canada en est un des plus importants.
Le Canada a besoin de la participation des Québécois dans le gouvernement fédéral.
Wilfrid Laurier, Gérard Pelletier, Jean Marchand et l’autre, Jeanne Sauvé, Marc Lalonde, Brian Mulroney et Marcel Massé, Jean Chrétien, Paul Martin – ce sont tous des Québécois qui ont contribué à faire du Canada ce qu’il est aujourd’hui.
Le Canada a besoin à nouveau d’une équipe forte du Québec.
Mais il ne faut pas se mettre la tête dans le sable non plus. Je suis bien conscient qu’il y a des ponts à rebâtir entre les Québécois et nous – et je ne parle pas juste du pont Champlain…
J’aurai l’occasion dans un avenir rapproché d’en parler plus longuement et plus en détail. Et j’ai bien hâte de le faire.
Mais je veux vous dire ceci: si les Canadiens nous accordent leur confiance en 2015, les Québécois ne seront pas juste présents dans mon gouvernement, mais ils seront écoutés!
Et pas juste un premier ministre québécois, mais des ministres forts québécois.
On a besoin d’une équipe forte pour que le Québec reprenne la place qui lui revient.
Et comme premier ministre, la protection et promotion de la langue française sera une priorité quotidienne pour mon gouvernement. Nous, les Québécois, savons que nous sommes les héritiers d’une langue et d’une culture uniques en Amérique du Nord.
Avec cela viennent des responsabilités importantes.
Celle de protéger, oui bien sûr, mais aussi celle de nourrir, cultiver, stimuler, enrichir, promouvoir cette identité dont nous sommes si fiers.
Le cinéma, les livres, le théâtre, les arts visuels – ce sont tous des véhicules importants qui nous permettent d’être qui nous sommes.
La télévision, la radio et le Web en français aussi.
Voilà pourquoi jamais nous ne réduirons le budget de Radio-Canada comme vient de le faire M. Harper si nous formons le gouvernement. Nous protégerons les institutions vitales au rayonnement du français, et ce partout au Canada.
Mes amis – je veux réengager les Québécois dans le Canada, mais pour cela, il faut que les Québécois sentent qu’ils ont une contribution à faire, et qu’ils se reconnaissent dans leur pays, le Canada.
C’est le défi que nous devons relever ensemble.
Le deuxième plus grand premier ministre canadien, Wilfrid Laurier qui était député d’ici qu’un libéral a toujours confiance en l’avenir.
Nous avons une opportunité en or devant nous: celle d’offrir à tous les Canadiens un projet rassembleur et un vrai changement.
Je sais que les Québecois veulent bâtir un Canada plus fort pour tous.
Et je sais que si nous travaillons fort et que nous sommes fidèles à nos valeurs et à nos convictions, nous y arriverons.
Merci.