Il récidive : M. Mulcair tente de réécrire l’histoire de la privatisation et de l’exportation de l’eau
29 septembre 2015
MONTRÉAL – C’était prévisible : un autre débat, une autre occasion où Thomas Mulcair a nié avoir soutenu la privatisation et l’exportation de l’eau en vrac.
Confronté à ses déclarations en faveur de la vente de l’eau du Canada aux États-Unis, M. Mulcair en a rajouté avec ses faussetés:
« C’est faux, Justin, et tu le sais… Lorsque j’étais ministre, nous avons eu de nombreux débats, mais la chose sur laquelle il est plus important de s’arrêter c’est ce que nous avions décidé, et j’avais décidé de fermer la porte parce que les exportations d’eau en vrac auraient été une très mauvaise idée, surtout aux termes de l’Accord de libre-échange nord-américain et de la clause de proportionnalité, et nous nous sommes assurés d’avoir bien fermé et verrouillé la porte. » (Thomas Mulcair, le 29 septembre 2015)
Le problème avec M. Mulcair c’est que sa version ne cadre pas avec les faits :
- Un débat public sur les exportations d’eau en vrac a eu lieu au Québec sur cinq ans, impliquant même une commission d’enquête, mais il n’avait pas été initié par M. Mulcair. En réalité, quand M. Mulcair est devenu ministre de l’Environnement en 2003, la question avait déjà été réglée par le Parti Québécois qui était au gouvernement, et ce, avec l’adoption, en novembre 2002, de la Politique nationale de l’eau.
- M. Mulcair n’a pas simplement lancé un débat sur une question qui avait déjà été réglée. Il a activement prôné la privatisation et l’exportation de l’eau en vrac en tant qu’instrument de développement régional, en allant à l’encontre de la position autrefois adoptée par son propre parti dans ce dossier. Et comme l’a souligné M. Trudeau au cours du débat, nous disposons de la séquence vidéo pour le prouver.
- Ce n’est pas M. Mulcair qui a cessé de promouvoir les exportations d’eau en vrac, mais le premier ministre de l’époque, Jean Charest, qui a désavoué son ministre. Et ce n’est pas non plus M. Mulcair qui a « fermé la porte » une bonne fois pour toutes sur la question des exportations d’eau en vrac, mais la ministre qui l’a remplacé dans ses fonctions, à savoir, Line Beauchamp, avec la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection, adoptée en 2009, soit deux ans exactement après que M. Mulcair ait quitté la politique provinciale et rejoint le NDP au niveau fédéral.
Étant donné que M. Mulcair semble éprouver quelques difficultés à se remémorer les faits, voici un bref rappel de ce qui s’est vraiment passé en 2004, comme l’avaient rapporté les médias québécois à l’époque :
Mulcair rouvre la porte aux exportations d’eau – Le Devoir, le 15 juin 2004
« Le ministre québécois de l’Environnement, Thomas Mulcair, a remis en question hier un des piliers de la Politique nationale de l’eau en rouvrant la porte aux exportations d’eau en vrac pour créer des emplois en régions, une porte fermée par Québec par une loi après un débat public de cinq ans et une commission d’enquête. »
L’idée de Mulcair est déjà faite: il faut exporter l’eau en vrac – Journal de Montréal, le 18 juin 2004
« Avant même la tenue du débat qu’il souhaite à ce propos au cours des prochains mois, le ministre a fait son nid, convaincu que le Québec a depuis trop longtemps renoncé à des dizaines de millions de dollars de revenus qu’engendrerait l’exploitation de la ressource. « Je crois que par dogme on est en train de se priver d’un potentiel énorme », a-t-il expliqué, hier. »
Exportation d’eau potable – Les industriels de l’eau trouvent l’idée inopportune – Le Devoir, le 19 juin 2004
« Après avoir été désavouée jeudi par le premier ministre Jean Charest, la démarche du ministre de l’Environnement, Thomas Mulcair, dans le dossier des exportations d’eau en vrac a été qualifiée d’«inopportune» par la présidente du Réseau Environnement, l’association qui représente les 1900 industriels de l’eau et de l’assainissement au Québec.
Jeudi, le premier ministre Jean Charest déclarait, lors de son bilan de la session « qu’il n’a jamais été question d’exportation massive d’eau ». … »
« Maintes et maintes fois, M. Mulcair s’est empressé de déformer les faits et de réécrire l’histoire. Quand il ne dit pas une chose en français et une autre en anglais, il déforme son propre bilan pour tenter de faire oublier aux Canadiennes et Canadiens son piètre bilan dans le dossier de l’environnement alors qu’il était ministre au sein du gouvernement du Québec, a déclaré Francis Scarpaleggia, le candidat libéral dans Lac-Saint-Louis. Après dix ans de gouvernement Harper, la dernière chose dont les Canadiennes et Canadiens ont besoin comme premier ministre, c’est de quelqu’un qui est prêt à dire n’importe quoi pour arriver à ses fins. »
« Seul Justin Trudeau a un plan pour changer ensemble, un plan qui permettra de prendre d’importantes mesures pour lutter contre les changements climatiques, de mettre un prix sur la pollution par le carbone, et de collaborer avec les provinces et les territoires sur la question de la protection de notre environnement », a conclu M. Scarpaleggia.