Discours du chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, à Montréal, Québec
21 février 2014
Bienvenue chez vous.
Je suis né Montréalais à Ottawa.
Ottawa c’était pour le boulot de mon père, où il servait son pays. Mes frères et moi avons grandis dans une maison qui n’était pas la nôtre. La famille ne faisait que passer à Ottawa.
Mais quand on visitait Montréal avec mon père, on voyait qu’il était chez lui.
Montréal c’était le vrai monde. C’était chez nous.
L’idée de Montréal nous faisait rêver, c’était devenu dans notre imaginaire d’enfant, un endroit magique.
Et pas juste parce que le Canadien gagnait souvent la coupe Stanley dans ces années-là.
Alors me voici, quelques décennies plus tard, député de Montréal et c’est à mon tour de regarder mes enfants grandir à Ottawa.
C’est pour ça que je suis tellement fier de vous accueillir ici ce soir.
Chacun d’entre nous a son chez-soi. Chacun d’entre nous sait que l’engagement politique et le service public doivent commencer dans sa communauté.
On est tous fiers de notre chez-nous. On est tous prêts à justifier combien il est important et spécial.
Laissez-moi donc vous parler de Montréal.
Montréal, la métropole francophone des Amériques, où des gens de différentes origines, de différentes cultures, de différentes religions sont venus s’établir et ont gagné leur pari de réussir ensemble.
Ne vous trompez pas, au Canada toutes nos grandes villes ont une belle diversité.
Dans les Prairies, il y a même de petits villages où il y a plus de communautés culturelles que dans grand nombre de pays.
La diversité fait notre force, car elle nous oblige à faire preuve de gentillesse. Elle nécessite que l’on soit courtois et généreux. Cela signifie que nous devons comprendre autrui.
C’est pour cela que les Canadiens sont un peuple juste.
Je veux que les Canadiens en dehors du Québec sachent quelque chose. Je sais que vous êtes inquiets, non seulement à cause des valeurs de division qui sont instillées actuellement dans cette province, mais aussi par la politique identitaire qui est source de peur et d’intolérance.
Eh bien, ne perdez pas espoir.
L’idée que la force naît de la diversité n’a jamais été étrangère ici.
On en a parlé d’abord ici, dans la vallée du St-Laurent, dans le français du Nouveau Monde. De Samuel de Champlain à Georges-Étienne Cartier, de Wilfrid Laurier à Pierre Trudeau, on l’a développée, on l’a partagée.
Et, ensemble, d’un bout à l’autre de cette grande terre, nous avait fait de cette idée le Canada.
À mes compatriotes québécois, je dis ceci : nous avons passé trop de temps à protester. Ce n’est pas étonnant, n’est-ce pas? Depuis une décennie, nous avons un gouvernement fédéral qui n’a pas levé le petit doigt pour résoudre les problèmes économiques qui alimentent la peur et l’anxiété.
Quand il n’y a plus de progrès, la peur s’installe. Et cette peur ne peut être battue que par l’espoir.
Ce soir, nous avons parmi nous un homme qui s’est battu plus que quiconque pour cette idée. Un ami, un collègue, un mentor, une inspiration, un concitoyen montréalais (et bientôt, un bénévole à temps plein pour le Parti libéral du Canada).
Ce congrès est le dernier auquel Irwin Cotler participe en tant que député. Joignez-vous à moi pour le remercier de tout ce qu’il a fait pour sa collectivité, pour son pays, et pour nos valeurs communes.
Mes amis, il y a un an et demi, dans ma circonscription, Papineau, qui est voisine de celle d’Irwin, j’ai lancé ma campagne à la direction.
J’ai lancé cette campagne en ayant en tête une idée simple et importante, et dont Chrystia et Larry Summers viennent de débattre. Une idée qui doit être votre priorité durant toute la fin de semaine. Si nous ne donnons pas à chaque citoyen une vraie chance égale de réussite, alors nous ne respectons pas le principe de base de ce pays.
Vous voyez, nous avons vraiment un problème. La classe moyenne est en difficulté. Les gens n’ont pas eu de véritable augmentation depuis trente ans, les inégalités n’ont fait que s’accentuer et la dette des ménages a atteint des sommets.
Ceux qui pratiquent la politique de la division voient là une occasion à saisir. Une occasion de semer la peur et la méfiance. Une occasion de chercher des coupables.
C’est tellement plus facile de détourner l’attention des gens du problème, plutôt que de le résoudre.
Les gens sont sensibles aux messages de peur et de division quand ils sont inquiets. Inquiets pour leurs emplois, leurs dettes, leur retraite, et l’avenir de leurs enfants.
Soyons parfaitement clair, dans une économie riche et prospère, de forcer quelqu’un à choisir entre sa religion et son emploi, serait non seulement inacceptable, mais carrément inconcevable.
Dans une économie juste et prospère, le plan de division du PQ aurait été non seulement irréaliste, mais tout simplement impensable.
Mais en l’absence d’une vraie chance égale de réussite pour tous, la peur et la division peuvent s’installer partout au sein de la population.
Mes amis. Je ne suis aucunement intéressé à prendre part au concours auquel M. Harper et M. Mulcair participent, pour savoir qui peut contrarier le plus les Canadiens.
Et vous non plus.
L’année dernière, lors de notre campagne à la direction, mes collègues et moi-même avons vu que des centaines de milliers de nos concitoyens s’intéressaient à la politique.
Beaucoup d’entre eux pour la première fois.
Voyons comment se passent les choses du côté du parti de M. Harper. Ce mois-ci, son gouvernement a présenté une loi au Parlement qui compliquerait la tâche aux Canadiennes et aux Canadiens qui veulent exercer leur droit de vote.
À mes yeux, la loi peut se résumer comme ceci : le gouvernement vous permettra de voter, si vous insistez.
Mais en réalité, il préfère que vous vous absteniez.
Le parti de M. Harper croit que les Canadiennes et Canadiens se moquent de la politique. Que nous ne ferons pas l’effort de nous y intéresser.
Mais regardez bien autour de vous. Regardez tous les nouveaux visages que nous voyons dans cette salle. Regardez toutes les personnes que vous n’aviez encore jamais rencontrées avant aujourd’hui. Ensemble, soyez plus forts. Ayez foi en l’autre.
Ensemble, nous allons leur prouver qu’ils ont tort.
Des millions de Canadiennes et de Canadiens, dont certains nous regardent ce soir, comptent sur nous.
Disons-leur simplement ceci : nous ne vous laisserons pas tomber.
Nous nous rassemblons à un moment clé pour notre pays.
La conversation que nous aurons en fin de semaine est particulièrement importante.
Pendant que certains essaient de nous distraire des grands enjeux, je vous demande de garder le cap. Laissons nos adversaires continuer de se préoccuper de notre succès, alors que nous nous préoccuperons du succès des Canadiens.
Je vous demande de regarder au loin le grand portrait qui se dresse devant nous et de réfléchir au pays que nous laisserons à nos enfants.
Nous sommes ici pour espérer. Nous sommes ici pour travailler avec acharnement. Nous sommes ici pour bâtir. Nous sommes ici pour choisir l’équipe et préparer le plan qui nous permettront de remettre ce pays sur la bonne voie.
C’est pourquoi cette fin de semaine que nous passons ensemble dans cette ville (ma ville) est si importante.
Après huit longues années, les Canadiennes et les Canadiens en ont assez du parti de M. Harper et de sa façon négative d’aborder la politique. Les Canadiennes et les Canadiens en ont assez d’une politique qui s’appuie sur la peur et la division.
Mais ils ne veulent pas seulement un gouvernement différent. Ils veulent un meilleur gouvernement. Ils veulent un gouvernement dont la priorité est de s’assurer que chaque Canadienne et chaque Canadien a une vraie chance égale de réussite.
Nous, libéraux, allons choisir l’équipe et bâtir le plan, et donner au Canada le leadership dont il a besoin pour que cette vision se concrétise. Faisons preuve d’ambition, non pas pour nous-mêmes ou notre Parti, mais pour notre pays.
Mes amis, nous avons tous des raisons personnelles d’être ici aujourd’hui. Des personnes qui nous sont chères. Des lieux qui comptent à nos yeux.
Pour moi, il y a trois personnes en particulier. À vrai dire, trois pour le moment… mais si près de quatre… En fait, Sophie pourrait accoucher à tout moment. C’est pourquoi, même si cela lui tenait vraiment à coeur, elle n’a pas pu se joindre à nous ce soir.
Mais si cela ne vous dérange pas, je pense qu’elle serait heureuse si nous lui passions un petit coup de fil.