Allocution de Justin Trudeau à la Chambre des communes au sujet du racisme envers les Noirs au Canada
02 juin 2020
Le texte prononcé fait foi
2 juin 2020
Je prends la parole aujourd’hui pour parler de ce que vivent chaque jour tant de personnes de couleur.
Au cours des derniers jours, nous avons vu des reportages montrant d’horribles scènes de violence policière contre des gens de la communauté noire au sud de la frontière.
Mais il ne s’agit pas simplement d’incidents isolés ou de problèmes qui n’arrivent qu’ailleurs.
Les préjugés, la discrimination et la violence sont des réalités concrètes pour beaucoup trop de gens.
Ils sont le résultat de systèmes qui, bien trop souvent, tolèrent, normalisent, créent et perpétuent les inégalités et les injustices envers les personnes de couleur.
Comme pays, nous ne sommes pas de simples spectateurs qui observent avec consternation ce qui se passe chez leurs voisins.
Nous y participons.
Les appels à la justice, à l’égalité et à la paix ont trouvé écho dans nos communautés, parce que le racisme envers les Noirs est présent ici aussi.
Partout au Canada.
Tous les jours.
C’est un phénomène que subissent notre propre personnel, nos ministres et nos collègues, même dans cette institution.
Ces derniers jours, beaucoup de ces expériences personnelles m’ont été révélées directement par eux.
Et je ne parle pas seulement d’actes de violence. Je parle aussi de microagressions, dont beaucoup d’entre nous ne sont peut-être même pas conscients.
C’est la réalité quotidienne de beaucoup trop de Canadiens racialisés. Et il faut que ça cesse.
Lorsqu’il s’agit d’être un allié, j’ai commis de graves erreurs dans le passé – des erreurs que je regrette profondément et dont je continue à tirer des leçons.
Je tiens à remercier mes collègues, les dirigeants de la communauté et mes concitoyens canadiens de m’avoir ouvert les yeux sur ce qui se passe vraiment dans nos communautés, et de m’avoir aidé à mieux comprendre les notions de privilège et de pouvoir.
Je ne suis pas parfait.
Mais l’imperfection n’est pas un prétexte pour éviter de faire ce qu’il se doit.
Ce n’est pas une excuse pour ne pas agir.
Pour ne pas se défendre les uns les autres, pour ne pas être un allié.
Je sais que la dernière chose que souhaitent entendre bien des gens qui nous écoutent en ce moment, c’est un autre discours sur le racisme prononcé par un politicien blanc.
Je ne suis pas ici aujourd’hui pour décrire une réalité que je ne connais pas ou une douleur que je n’ai jamais ressentie.
Je suis ici pour que vous sachiez que notre gouvernement est à l’écoute.
Nous entendons vos appels à la justice, à l’égalité et à la reddition de comptes.
Nous sommes conscients de votre frustration, de votre colère et de votre chagrin.
Nous vous voyons.
Depuis notre arrivée au pouvoir, notre gouvernement a posé plusieurs gestes concrets pour combattre le racisme envers les Noirs, la discrimination systémique et l’injustice à travers le pays.
Nous travaillons directement avec les communautés et leurs leaders pour combler les écarts qui persistent chez nous.
Nous avons pris des mesures pour soutenir les organisations communautaires, investir dans de meilleures données et lutter contre le racisme.
Par exemple, nous avons accordé 9 millions de dollars pour soutenir les programmes destinés aux jeunes Canadiens noirs.
Nous avons fait des investissements importants pour permettre à l’Agence de la santé publique du Canada d’offrir plus de services en santé mentale à ceux qui ont subi le racisme ou un traumatisme intergénérationnel.
Nous aidons les organismes communautaires à obtenir du financement pour acheter du matériel ou louer de l’espace.
Et nous avons créé le Secrétariat de lutte contre le racisme qui dispose d’une enveloppe de 4,6 millions de dollars pour éliminer les obstacles systémiques, notamment en matière d’emploi, de justice et de participation sociale, qui perpétuent l’injustice.
Nous avons fait des progrès, mais on sait que le travail est loin d’être terminé.
Car voici les faits au Canada.
Le racisme envers les Noirs est bien réel.
Les préjugés inconscients sont bien réels.
La discrimination systémique est bien réelle.
Ce sont des réalités quotidiennes et concrètes pour des millions de Canadiens.
La douleur et les dommages qu’ils causent sont, eux aussi, bien réels.
Monsieur le Président, chaque Canadien ayant subi le fardeau de l’oppression, chaque étudiant ayant le courage de réclamer un avenir meilleur, chaque personne qui manifeste, monte la garde, s’informe et mène le combat de Vancouver à Halifax en passant par Montréal, s’attend à davantage que le statu quo.
Ils s’attendent à plus et méritent mieux.
Le gouvernement du Canada a beaucoup de travail à faire, mais on est prêts.
On est prêts à travailler avec nos collègues de l’opposition, les leaders communautaires et les Canadiens pour faire de notre pays un endroit plus égal et plus juste.
Le racisme n’a jamais sa place chez nous.
Et nous allons tout faire pour l’éradiquer d’un océan à l’autre.
Merci, Monsieur le Président.