Allocution du chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, à l’ACIR
24 octobre 2014
La version prononcée fait foi
Bonjour,
J’aimerais tout d’abord vous remercier de m’avoir invité à me joindre à vous aujourd’hui.
Avant de commencer, je tiens à dire quelques mots sur les événements tragiques qui ont eu lieu cette semaine à Ottawa.
Comme vous le savez tous, un attentat a eu lieu à notre Parlement cette semaine, et un jeune soldat courageux a été assassiné dans un acte de violence aussi horrible que lâche. Le corps du caporal Cirillo empruntera aujourd’hui l’Autoroute des héros, d’Ottawa jusqu’à sa ville natale de Hamilton. Nos pensées et nos prières sont avec sa famille en ces moments douloureux. Sans faire abstraction de tout ce que les Canadiens peuvent ressentir, nous ne devons pas oublier qu’aujourd’hui, un petit garçon s’ennuie énormément de son père.
En ma qualité de chef du Parti libéral, j’ai eu la chance de rencontrer des dizaines de milliers de Canadiens. Des gens de tous âges. Certains très jeunes, qui sont à peine au début de leur carrière et qui ne sont pas encore prêts à fonder une famille. Et d’autres qui sont un peu plus… expérimentés. À mon avis, nous faisons probablement partie de cette deuxième catégorie.
Mais le terrain d’entente que nous partageons est vaste. Nous n’avons pas besoin de regarder très loin pour trouver ce qui nous rassemble, ce qui nous unit, malgré les différences superficielles.
Que partagent à coup sûr un étudiant de 20 ans et un aîné de 60 ans? Tous deux vieillissent.
J’ai été quelque peu étonné de constater que l’ACIR a supprimé tous les obstacles à sa participation, mais cette décision est très sensée.
Les problèmes auxquels les aînés sont confrontés n’ont rien d’abstrait – ce sont des problèmes qui sont au cœur de nos familles, de nos communautés et de nos vies, quel que soit l’âge.
J’aborderai quelques uns de ces problèmes un peu plus tard. Mais avant d’aller plus loin, j’aimerais vous faire part en quelques minutes d’où nous en sommes aujourd’hui, ce qui nous y a menés et pourquoi des changements s’imposent tant. Pour vos enfants et les miens, et pour chacune des générations futures.
Où nous en sommes aujourd’hui, moins d’un an avant la prochaine élection générale, est quelque peu troublant.
Le parti que je dirige est sur la bonne voie si l’on en croit les sondages. Personnellement, je n’y accorde pas beaucoup d’importance. À titre d’ancien enseignant, j’aime bien dire à la blague que la seule chose qui m’impressionne dans la phrase « si une élection avait lieu aujourd’hui », c’est l’utilisation correcte de l’imparfait.
Il est également réconfortant de voir des Canadiens intéressés et engagés qui participent en grand nombre à des événements politiques, pour la première fois dans bien des cas. Mais encore là, je garde à l’esprit qu’ils représentent un petit groupe d’électeurs libres. Dans l’ensemble, je demeure préoccupé par le sentiment très répandu d’apathie et de cynisme.
Ce serait parfait si je pouvais simplement pointer du doigt et dire « Monsieur Harper est le seul à blâmer ». Et comprenez-moi bien, je crois que l’indifférence délibérée des conservateurs à ces questions importantes – à partir des femmes et jeunes filles autochtones disparues jusqu’à l’éternel scandale du Sénat – est un facteur de ce cynisme.
Pour dire vrai, je crois que nous avons tous notre part de culpabilité. Parce que peu importe le bureau auquel on s’identifie ou le groupe que l’on représente, nous sommes au service de la population.
Nous tous, Canadiennes et Canadiens, devons unir nos efforts, tenir compte de nos intérêts et bâtir un pays qui donne à chaque personne la possibilité réelle et juste de réussir.
Je suis d’accord avec ce point de vue. En effet, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de me porter candidat la première fois. Je sais que mes collègues libéraux – notamment des députés comme Hedy Fry, qui m’accompagne aujourd’hui – partagent cette vision.
Alors, pourquoi un changement est il nécessaire? Comme je l’ai souvent déclaré cette année, les Canadiens réclament un meilleur gouvernement, et pas seulement un gouvernement différent. Ils en ont assez des chefs qui sèment la discorde et recherchent les gains politiques en exploitant nos différences, sans tenir compte des nombreux points que nous avons en commun ni des dommages qu’ils causent à long terme à nos institutions démocratiques et à notre culture politique.
Mais avant tout, nous devons effectuer des changements pour que se concrétisent les promesses fondamentales du Canada. Le contrat social du Canada a toujours reposé sur la nécessité d’un travail acharné, non seulement pour notre réussite, mais aussi pour l’avenir de nos enfants et petits enfants. Et ce contrat est en péril.
Nous constatons que l’un des plus importants problèmes auquel sont confrontés les Canadiens est la sécurité du revenu. Les personnes qui se rapprochent de la retraite songent à la sécurité du revenu sous l’angle de leur régime de retraite et de leurs REER, mais lorsqu’on envisage les tendances économiques à long terme, c’est presque un miracle d’avoir pu épargner.
La classe moyenne n’a pas bénéficié d’une hausse décente de revenu depuis une génération. Au cours des 30 dernières années, la taille de l’économie canadienne a plus que doublé. Mais qu’en est il du revenu de la famille de la classe moyenne? Il n’a augmenté que d’environ 15 % depuis le début des années 1980.
Parallèlement, les familles canadiennes sont aux prises avec un endettement qui ne cesse de croître, et elles n’épargnent pas autant qu’elles le devraient – pour l’éducation des enfants ou pour la retraite. Selon la CIBC, le citoyen moyen de 35 ans épargne actuellement moins de la moitié du montant que ses parents mettaient en réserve à son âge.
C’est pourquoi je crois qu’il est essentiel de discuter du renforcement – et de la croissance – de la classe moyenne. Non pas parce que le temps presse au plan politique, mais parce que ce besoin est au centre de notre prospérité future comme nation. De nos jours, trop peu de Canadiens se sentent à l’aise avec leur niveau de vie et leur capacité de l’améliorer au cours des prochaines années.
Des organismes comme l’ACIR comprennent bien cette situation. Je suis convaincu que vos membres vous font part des mêmes préoccupations que me communiquent quotidiennement les Canadiens, notamment :
Pouvons nous nous permettre de payer les études de nos enfants – ou de nos petits enfants – au collège ou à l’université?
Une fois diplômés, pourront ils trouver un emploi décent et bien rémunéré? Un emploi qui leur permettra de gagner suffisamment leur vie pour ne plus être confinés au sous sol?
Pouvons nous nous permettre de prendre une retraite après toutes ces années de dur labeur? Ou endetterons nous encore davantage nos enfants parce qu’ils prendront soin de nous dans nos dernières années de vie?
Notre système universel de soins de santé satisfera t il nos besoins futurs? – non seulement ceux d’une population vieillissante, mais aussi ceux de tous les Canadiens?
Ce sont là des questions qui pèsent lourd dans l’esprit et le cœur de la classe moyenne canadienne, et de tous ceux qui travaillent fort pour en faire partie. C’est particulièrement vrai pour les personnes faisant partie de cette génération qui porte bien son nom, la « génération sandwich ». Ces personnes doivent faire des choix difficiles en vue d’offrir les meilleurs soins à leurs enfants et à leurs propres parents vieillissants.
Pour sa part, le gouvernement a vraiment très peu fait pour rassurer les Canadiens.
Il y a deux ans sans consultation ni avertissement, il a relevé l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti pour le faire passer de 65 ans à 67 ans, même si le directeur parlementaire du budget a démontré que notre programme de Sécurité de la vieillesse était viable.
Bien des gens réclament le renforcement des piliers de la sécurité de la retraite. Aucune des personnes que j’ai rencontrées n’a demandé un assouplissement de ces piliers; et c’est pourtant l’effet qu’auront les attaques mesquines des conservateurs à l’endroit des aînés. Davantage de Canadiens vivront dans la pauvreté. Davantage d’aînés devront s’en remettre aux régimes d’aide sociale des provinces.
Tout comme le parti que je dirige, je crois que tous les Canadiens ont droit à une retraite sûre et digne après avoir travaillé d’arrache-pied pendant toute leur vie.
Mais comment atteindre cet objectif lorsque la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti et le Régime de pensions du Canada réunis n’y parviennent pas? Lorsque seulement le quart des Canadiens actifs ont accès à un régime d’entreprise à titre de complément de leur revenu de retraite.
Comme toute première mesure, un gouvernement libéral que je dirigerais rétablirait à 65 ans l’âge de la retraite pour la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti.
Au fond, beaucoup trop de Canadiens ne savent pas quand ils pourront prendre leur retraite, et dans certains cas, s’ils seront tout simplement en mesure de prendre leur retraite. Ce n’est pas normal. Le gouvernement a la responsabilité de s’asseoir avec les provinces et de trouver une solution à ce problème commun.
Mais il y a une bonne nouvelle : nos cotisations au RPC constituent un outil fiable et digne de confiance qui nous permet d’épargner en vue de la retraite. Et une nouvelle est encore meilleure : grâce à un bilan sain et à une excellente feuille de route, le RPC peut continuer de garantir le revenu des générations futures. Il s’agit d’un programme élaboré au Canada que nous envient d’autres pays développés.
Mais malgré cette réussite et un nouveau consensus entre les provinces, qui réclament un renforcement accru, le gouvernement fédéral rejette du revers de la main les demandes visant à améliorer le Régime de pensions du Canada.
En effet, les conservateurs ont même déclaré que lorsque les Canadiens épargnent pour la retraite en versant des cotisations au RPC, c’est mauvais pour l’économie. Cette révélation a été invoquée par Monsieur Hudak et les conservateurs provinciaux au cours de la récente campagne électorale en Ontario.
Ils ne comprennent pas un élément que l’ACIR saisit si bien – ou ils préfèrent ne pas en tenir compte : les Canadiens doivent épargner davantage dès maintenant; et collectivement, nous devons faire en sorte que les Canadiens disposent d’une réserve suffisante pour prendre une retraite dans la dignité.
Les provinces veulent en discuter! Les dirigeants d’entreprises et les dirigeants syndicaux veulent en discuter! Les Canadiens veulent en discuter!
Ce ne sont que les conservateurs fédéraux qui refusent d’accorder à cette question le temps et l’attention qu’elle mérite. C’est M. Harper qui a invoqué encore une fois cette approche « à prendre ou à laisser » au chapitre des relations fédérales provinciales.
Une amende honorable aux provinces, qui ont reconnu la gravité de la situation et qui progressent en appliquant leurs propres plans et qui ne laissent pas leurs citoyens dans des impasses créées par le manque de leadership de M. Harper.
Ici en Ontario, la première ministre Wynne dirige un gouvernement majoritaire, essentiellement parce que les Ontariens ont cru en sa vision du renforcement de la sécurité de la retraite dans le cadre du Régime de retraite de l’Ontario. C’est avec fierté que je l’ai épaulée au cours de cette campagne.
Mais rien n’explique que les provinces doivent faire cavalier seul. Sous ma gouverne, elles ne seraient pas laissées à elles mêmes.
À l’instar de l’Ontario, des provinces proposent leurs propres solutions au sujet des pensions parce que le gouvernement fédéral a quitté l’arène. Ces provinces, comme l’Ontario, continuent d’affirmer qu’un système national de sécurité de la retraite raffermi représente la meilleure option. Sous ma gouverne, c’est ce qu’elles obtiendront.
Comme premier ministre, je collaborerais avec les provinces et les territoires, les travailleurs, les employeurs et des organismes comme l’ACIR afin d’améliorer le Régime de pensions du Canada.
Cela ne nous empêchera pas d’élargir et de créer d’autres mécanismes d’épargne retraite comme complément du RPC.
Mais le RPC doit être amélioré.
M. Harper et ses conservateurs sont véritablement déconnectés de la réalité des Canadiens dans ce dossier.
Un gouvernement libéral prendra cette question au sérieux. Nous en saisissons toute l’importance pour les Canadiens et nous collaborerons avec les autres paliers de gouvernement pour rehausser la sécurité du revenu des aînés canadiens – maintenant et pour les années futures.
Je sais que la promesse d’une retraite sûre, sans inquiétudes liées à la pauvreté ou aux finances, est importante pour les Canadiens de tout âge. Réduire l’anxiété que les Canadiens ressentent face à leur retraite ne vise pas que la population canadienne âgée. Il s’agit d’un enjeu pour toute la population canadienne.
Le fait que les membres de l’ACIR défendent la réforme est très évocateur de son importance pour toutes les générations et leur esprit désintéressé. Je vous remercie de maintenir cette question à l’avant scène.
Avant d’aborder la question de la sécurité du revenu, j’aimerais préciser un point. Vous avez peut être entendu des histoires trompeuses au sujet de ma position concernant le fractionnement du revenu de retraite pour les aînés.
En septembre, j’ai répété mes préoccupations au sujet du plan des conservateurs, qui souhaitaient permettre le fractionnement du revenu aux familles comptant des enfants de moins de 18 ans. Des rapports provenant de nombreuses sources – du directeur parlementaire du budget au Centre canadien de politiques alternatives en passant par l’Institut C.D. Howe – relèvent tous le même problème : ce plan ne serait profitable que pour 15 % des ménages canadiens, et cet avantage profiterait en grande partie aux familles canadiennes les plus riches. Même le regretté ministre des Finances, Jim Flaherty a déclaré qu’il n’était pas certain que ce plan profiterait à l’ensemble de notre société.
Comme on peut le prévoir, l’équipe de M. Harper a immédiatement déformé ma citation, en retirant le renvoi au fractionnement du revenu parental, et en déclarant à ses partisans que j’avais appuyé le fractionnement du revenu de pension inverse.
Et vous vous demandez pourquoi les gens font preuve d’autant de cynisme envers la politique.
Alors, faisons la part des choses une fois pour toutes : même si les conservateurs disposaient de tous les outils pour contrôler chaque élément de la politique élaborée par Ottawa, ils ne pourraient pas rédiger la plate-forme du Parti libéral. Nous n’éliminerons pas le fractionnement du revenu de retraite pour les aînés.
Un deuxième point préoccupant, important pour tous les Canadiens a trait aux soins de santé.
Il y a dix ans le mois dernier, le premier ministre Paul Martin s’est assis avec les premiers ministres des provinces et des territoires, de même que les chefs autochtones, et ils ont amorcé une conversation sur la façon de raffermir les soins de santé au Canada, sur l’accès des Canadiens aux soins de grande qualité dont ils ont besoin, lorsqu’ils en ont besoin.
J’ai parlé avec quelques personnes qui étaient autour de cette table. Je sais que les trois jours de négociation qui ont suivi ont été difficiles. Du « langage non parlementaire » a même été capturé sur vidéo.
Mais à la fin de ces échanges, le premier ministre et ses collègues ont remis aux Canadiens l’Accord fédéral provincial sur la santé, une entente de dix ans qui majorerait les paiements de transfert fédéraux et qui fixerait des objectifs nationaux pour les mesures de soins de santé qui importent le plus aux Canadiens – notamment les temps d’attente, l’accès à un médecin de famille, les soins à domicile, et la réduction du coût des médicaments d’ordonnance.
Une décennie plus tard, même les plus ardents défenseurs de l’Accord reconnaissent que l’entente n’était pas parfaite – mais que de véritables progrès positifs ont été réalisés. Les temps d’attente ont diminué partout au pays, plus particulièrement ici en Ontario. Un plus grand nombre de Canadiens ont trouvé des aidants primaires, encore une fois plus particulièrement ici en Ontario.
Lorsque vint le moment de se rasseoir avec les représentants des provinces et des territoires, et de passer en revue la prochaine série d’engagements communs, le premier ministre Harper était absent. Il a plutôt délégué son ministre des Finances, qui a annoncé une entente du type « tout ou rien » : aucune conversation, aucune consultation, aucun indice d’une volonté de prendre la responsabilité du dossier au-delà de la simple signature d’un chèque.
Vous ne le croirez peut-être pas, mais bien que M. Harper soit premier ministre depuis bientôt neuf ans, il ne s’est jamais assis à la même table que les dirigeants des provinces et des territoires pour discuter avec eux du système de soins de santé. Pas une seule fois.
Tout le monde sait que le premier ministre a un emploi du temps très chargé; qu’au cours d’une seule journée il peut être appelé à traiter de questions touchant à la santé de notre économie, à la sécurité nationale ou à un tas d’autres questions légitimes et prioritaires.
Soit, mais convenons que presque neuf ans se sont écoulés et que la question du système de soins de santé n’a jamais été inscrite à son emploi du temps.
Je sais – et vous le savez aussi – que les services de soins de santé sont essentiels. Ils touchent chacun d’entre nous. Qu’il s’agisse de soins prénataux ou palliatifs, les soins de santé préoccupent les Canadiens tout au long de leur vie. Les soins de santé représentent une préoccupation immense pour ceux qui doivent prendre soin de leurs proches, et pour ceux qui ont consacré leur vie professionnelle aux soins de santé. Les sacrifices qu’ils font sont énormes.
Les Canadiens s’attendent à ce que le gouvernement fédéral fasse preuve de leadership sur cette question, et les provinces et territoires méritent d’avoir un véritable partenaire à Ottawa. Un partenaire qui peut reconnaître que les troubles mentaux, comme le trouble de stress post traumatique, et que les troubles cérébraux, comme la démence, méritent la plus grande attention et considération. Un partenaire qui peut comprendre que les changements démographiques sont déjà à l’œuvre et que cette réalité exige une réponse réelle et sérieuse.
C’est pourquoi je m’engage, en tant que futur premier ministre, à rencontrer les premiers ministres pour nous entretenir des moyens de renforcer le système de soins de santé, afin de bien comprendre en quoi et comment nous pouvons leur être utiles et accomplir des progrès palpables sur les questions qui intéressent les Canadiens, des questions telles que les temps d’attente, l’accessibilité des médicaments d’ordonnance et la disponibilité des soins à domicile.
Compte tenu des difficultés d’ordre démographique auxquelles nous sommes confrontés, il nous faut étudier à fond de nouveaux modèles de prestations de soins de santé et nous poser les questions suivantes : Comment ferons-nous pour adapter nos services afin qu’un plus grand nombre de personnes âgées puissent bénéficier de soins à domicile, dans leur communauté? Et comment faire pour que davantage de Canadiens y aient accès, et pas seulement ceux qui en ont les moyens ou ceux qui ont la chance de vivre dans un lieu où ce type de soins constitue la norme?
Il existe par ailleurs de fortes raisons économiques d’opérer ce type de changement. À l’heure actuelle, il en coûte 2 000 $ par jour pour soigner un patient en milieu hospitalier, alors qu’il en coûte 200 $ pour offrir des soins à domicile ou des soins de proximité. Il serait donc plus économique et plus avantageux pour les patients d’offrir des soins à domicile ou des soins de proximité, ce qui permettrait du même coup de libérer des places dans les hôpitaux surchargés qui seraient ainsi mieux en mesure de prodiguer les soins essentiels et urgents sur lesquels nous comptons tous.
Le prix croissant des médicaments d’ordonnance vient aussi alourdir la charge financière des familles de la classe moyenne. Sans parler du fait que plus de 3,5 millions de Canadiens ont une assurance médicaments inadéquate ou ne sont pas du tout assurés.
En l’absence du gouvernement fédéral, neuf des dix provinces se sont réunies l’an dernier pour former l’Alliance pancanadienne pharmaceutique, dont l’objectif est d’abaisser les prix des médicaments et d’assurer un prix uniforme, d’accroître l’accès aux options de traitements pharmacologiques et de favoriser l’adoption de critères de couverture uniformes des produits pharmaceutiques au Canada.
Grâce à ses activités d’achat en gros, l’Alliance a déjà réussi dans une certaine mesure à abaisser le prix de six médicaments, qui représentent le cinquième des dépenses publiques en médicaments. Mais comme l’indique un récent rapport, il reste encore beaucoup à faire, et le gouvernement fédéral devrait travailler main dans la main avec les provinces et les territoires afin qu’ils puissent mener cette tâche à terme.
Enfin, il faudrait étudier sérieusement les façons dont nous pourrions faciliter l’accessibilité des personnes âgées à des logements à prix abordables. Il n’existe pas de solution universelle. Pour certains, une option abordable consisterait à moderniser leur maison pour la rendre plus accessible; pour d’autres, il vaudrait mieux emménager dans un logement subventionné. Et pour d’autres encore, la flexibilité d’un logement coopératif leur offre un moyen agréable et abordable de vieillir chez eux.
Quelle que soit la façon dont nous abordons ce problème, nous devons veiller à ce que les personnes âgées puissent trouver un logement à prix abordable et vivre près de leurs familles et de leurs amis, dans leur communauté, et ce, non seulement pour le bien être de ces personnes, mais pour celui de nous tous.
La sécurité du revenu, les soins de santé et l’accessibilité à un logement ne sont là que trois des grandes préoccupations que l’ACIR et le Parti libéral du Canada ont en commun. Je suis persuadé qu’il en existe bien d’autres et j’ai hâte d’entendre vos questions dans quelques minutes.
Je tiens à remercier sincèrement M. Moses Znaimer, M. Ross Mayot et Mme Susan Eng de m’avoir invité à me joindre à vous aujourd’hui, et je veux aussi remercier chacun d’entre vous de son temps et de son attention.
S’il y a une chose que vous retirerez, je l’espère, de mes commentaires, c’est que malgré le cynisme et l’indifférence, de nombreux Canadiens – et j’en fais partie – croient que le gouvernement peut être une force de changement positif.
Si nous travaillons ensemble – à savoir les villes et municipalités, les politiciens, les citoyens engagés de tous âges –, aucun obstacle ne pourra nous arrêter et nous pourrons ainsi résoudre tous les problèmes.
Je vous remercie.