Discours du chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, au congrès biennal 2014, à Montréal
22 février 2014
Mes amis et confrères libéraux; quel merveilleux congrès!
Merci pour votre travail. Merci pour votre temps. Et, merci pour votre passion.
Permettez-moi de vous dresser un portrait.
Il y a une jeune femme, que nous nommerons Nathalie. Elle travaille fort; peut-être dans un bureau du Vieux Montréal ou encore dans un point de vente au détail de la rue Sainte-Catherine.
Elle gagne un salaire de 40 000 $ par année, à peu près le même salaire que son conjoint.
Elle passe beaucoup de temps pris dans la circulation, souvent sur le pont Champlain, se demandant – après tout ce qu’elle a entendu et lu sur le sujet – si elle est en sécurité.
Elle se demande si ses enfants – qui, bien sûr, grandissent trop vite – auront une chance réelle de décrocher un bon emploi. Elle s’inquiète de son niveau d’endettement.
Elle se demande si elle réussira à éliminer cette dette à temps pour avoir une chance réelle de prendre sa retraite.
Elle fait du bénévolat à l’école de ses enfants. Peut-être supervise-t-elle une excursion éducative ou peut-être coupe-t-elle des oranges pour l’équipe de soccer de sa fille.
Lorsqu’elle a un moment de libre, elle le consacre à quelqu’un d’autre : sa famille ou ses amis, sa communauté, son pays.
Mais plus que toute autre chose, elle s’inquiète tout de même.
Elle s’inquiète de son avenir, et probablement encore plus pour celui de ses enfants.
Vous savez, on me demande souvent quel est la différence entre moi, M. Harper et M. Mulcair.
Il y en a plusieurs. Pour commencer, M Mulcair a une bien plus belle barbe et M. Harper habite une plus grande maison.
Mais, plus important, je n’ai aucune envie de faire de la politique d’une façon qui transformerait en rancune l’anxiété que ressent Nathalie.
Nos deux adversaires, chacun pour leurs propres raisons, croient que plus en colère les Canadiens sont, mieux ils feront.
Permettez-moi de vous montrer pourquoi cela est important lorsqu’il s’agit de politique.
Prenons leur approche à la réforme du Sénat. Pour sa part, M Mulcair fait des promesses dont il sait sciemment qu’elles ne sont pas dans le pouvoir du gouvernement fédéral. Il sait que les gens sont furieux, et avec raison, de la situation entourant Duffy et Wallin et Brazeau. Il aurait pu élaborer une politique responsable visant la réforme du Sénat. Toutefois, il a plutôt choisi de faire une tournée nationale en promettant de rouvrir la Constitution.
De son côté, alors qu’il était candidat, M. Harper avait promis que jamais il nommerait un sénateur. Pas un seul! Puis, une fois élu, il a nommé 57 sénateurs.
Sois dit en passant, toute personne ayant nommé au Sénat Pamela Wallin, Mike Duffy et Patrick Brazeau ne devrait pas s’empresser de faire du jugement une question de campagne.
Maintenant que les gens en ont ras le bol des personnes qu’il a nommées, il voudrait vous faire croire qu’il est toujours réformateur dans l‘âme. Qu’il croit toujours à un Sénat élu, même s’il sait que cette avenue mènera à des négociations constitutionnelles.
En disant ce qu’ils ont dit, tous deux veulent profiter de la colère des gens. Pour ce faire, ils ont fait des promesses qui sont non seulement cyniques, mais aussi dangereuses. Ils sont prêts à jouer des jeux avec la Constitution du Canada pour en tirer de minces avantages partisans
Bien que M. Mulcair et M. Harper semblent croire que Mike Duffy vaut un autre Lac Meech, je ne suis pas d’accord.
Et les libéraux? Nous avons proposé – mise en œuvre– une politique de réforme du Sénat à la fois réfléchie et responsable, tout en étant audacieuse et ambitieuse. Cette politique a mis l’accent sur le pays et non la partisannerie et mis en oeuvre des mesures concrètes pour améliorer l’institution.
Voilà, mes amis, comment on met en œuvre le changement.
La colère peut être une bonne stratégie politique, mais elle est symptomatique d’un gouvernement pitoyable.
Le problème avec M. Harper, c’est qu’il n’est pas vraiment intéressé à trouver des solutions. Ce qu’il cherche à faire, c’est d’exploiter les enjeux à des fins strictement partisanes.
Nous avons de vrais défis devant nous.
Comment ferons-nous pour stopper le déclin historique de la classe moyenne ?
Comment bâtirons-nous une économie durable, qui conciliera le développement économique et le respect de l’environnement ?
Comment aiderons-nous les jeunes à obtenir un bon départ et de bons emplois?
Comment aiderons-nous les Canadiens qui sont pris à la gorge avec leurs dettes et qui n’ont pas d’épargnes en vue de leur retraite ?
Comment allons-nous faire en sorte que les plus démunis pourront joindre la classe moyenne?
Comment créerons-nous le capital nécessaire pour investir dans de nouvelles infrastructures dont le pays a tant besoin?
La dernière chose dont Nathalie a besoin est qu’un politicien utilise l’inquiétude générée par ces questions importantes à des fins partisanes.
Mes amis, les Canadiens ne s’attendent pas à ce que le gouvernement fasse des miracles. Ils savent qu’il ne peut pas régler tous les problèmes.
Ce à quoi ils s’attendent – et auquel ils ont droit de s’attendre – c’est que leur gouvernement les aide à avoir une vraie chance de réussir.
La chance d’avoir une éducation de qualité et un bon emploi.
La chance de pouvoir rembourser ses dettes et pouvoir prendre sa retraite avec dignité.
Nous avons eu de merveilleuses discussions jusqu’à présent cette fin de semaine.
Je voudrais dire quelques mots sur certaines résolutions, mais avant ça laissez-moi vous parler de ce sur quoi je me concentre.
Pour moi, tout commence par les idées libérales fondamentales de liberté et l’équité des chances. L’idée que, peu importe à quel endroit ou de quels parents vous êtes né, vous commencez votre vie libre et avec une chance réelle de réussite. La mobilité ascendante doit être réaliste pour tous. Si vous continuer à travailler avec acharnement et à être axé sur l’avenir, vous devriez être en mesure de vous bâtir une meilleure vie, et de fournir encore plus d’occasion à vos enfants.
À mes yeux, une économie solide est une économie qui fait en sorte que chaque Canadienne et chaque Canadien a une vraie chance égale de réussite. Cela veut dire une classe moyenne prospère. Une économie qui fournit des salaires croissants et des occasions d’emploi. Une économie qui offre une chance réelle aux Canadiens en difficulté d’accéder à la classe moyenne.
La croissance de la productivité est importante. L’innovation est importante. Nous voulons faire en sorte que l’économie soit diversifiée et résiliente.
Mais tous ces facteurs ne sont que des moyens au service d’une fin. Notre but, c’est une économie qui assure des emplois bien rémunérés, de bons emplois, à autant de Canadiens que possible. L’équité, c’est ça.
En quoi cela vous concerne-t-il si vous ne faites pas partie de la classe moyenne? Pour les Canadiens plus démunis, à l’heure actuelle, il est de plus en plus difficile de s’en sortir, de monter dans l’échelle sociale pour avoir la stabilité et la sécurité.
Et aux Canadiens plus fortunés, je dis ceci : la croissance que nous avons connue au cours des trois dernières décennies a été le fruit d’un programme qui bénéficiait d’un large soutien – investissements dans l’éducation, discipline budgétaire, ouverture au commerce – un programme qui a été approuvé par l’électorat, à maintes reprises.
Ce qui est à retenir, c’est que ce que faisait espérer ce programme à l’origine – la possibilité pour tous de profiter de la prospérité qu’il créait – ne s’est pas matérialisé. Ce n’est pas là un argument politique, c’est un fait. Si nous ne remédions pas à cela, la classe moyenne cessera d’appuyer un programme de croissance, et nous en serons tous plus pauvres.
En tant que parti progressiste, en tant que parti libéral, nous devons nous demander quel est le juste rôle que doit jouer le gouvernement dans la création de cette économie. Un gouvernement trop interventionniste est l’ennemi de la liberté et de l’ouverture de possibilités, mais le contraire est tout aussi vrai.
Les gouvernements ne peuvent pas tout faire et ils ne devraient pas essayer de le faire. Mais ce qu’il fait, il doit le faire bien. Comme nous l’a rappelé Larry Summers jeudi, la discipline budgétaire est importante, mais une croissance soutenue est la seule voie vers des budgets équilibrés sur le long terme.
Pour créer cette croissance, nous devons bien faire les choses dans les domaines qui comptent le plus.
Par exemple, l’éducation. Si nous savons qu’à l’avenir, il faudra un diplôme d’éducation postsecondaire pour occuper 7 emplois sur 10, nous devons avoir pour objectif un taux national de scolarité postsecondaire de 70 %. Oui, je sais, parce que je suis un député du Québec et que je n’ignore pas le contenu de l’article 93 de la Constitution, l’éducation fait partie des compétences provinciales. Mais il y a beaucoup de choses que le gouvernement fédéral peut faire pour soutenir une politique provinciale.
Nous avons entendu les Jeunes libéraux parler au nom des jeunes de partout au pays. Ils nous disent que ces jeunes ont besoin d’aide, pour payer leurs études, pour régler leurs dettes, pour bien démarrer leurs carrières professionnelles.
Nous avons une opportunité de bâtir un vrai partenariat avec les peuples autochtones. D’ici dix ans, plus de 400 000 Autochtones auront joint le marché de l’emploi. Nous devons leur donner les outils pour réussir, et leur permettre de contribuer à la prospérité économique du pays.
Nous avons la chance d’avoir au Canada une abondance de biens naturels : nos ressources, notre territoire, notre situation géographique proche des marchés mondiaux. Mais notre plus grand avantage ne réside pas dans ce qui est sous nos pieds, non, ce sont nos cerveaux et notre éthique de travail.
Nous devons investir dans l’infrastructure matérielle qui soutient la croissance. Cela couvre des projets traditionnels concernant le transport et l’eau. Mais cela veut dire aussi relever de nouveaux défis, comme ceux que posent les changements climatiques et les catastrophes naturelles qui en découlent.
À dire vrai, notre infrastructure a été bâtie pour un climat qui était très différent de celui que nous connaissons aujourd’hui. Et encore plus différent de celui que nous laissons à nos enfants et à nos petits-enfants.
Nous pouvons soit investir maintenant pour les aider à s’adapter, soit leur transmettre une facture beaucoup plus lourde.
En plus de faire des investissements directs, le gouvernement doit mettre en place le cadre requis pour soutenir la croissance.
Cela veut dire bien faire les choses dans des domaines de première importance, comme le commerce. C’est là où l’on voit les failles apparaître, là où la classe moyenne commence à retirer son appui à un programme de croissance. Le commerce a toujours été un vecteur économique capital pour le Canada. Nous avons besoin d’investissements et de marchés étrangers ouverts à nos produits pour créer des emplois chez nous, et nous avons besoin d’importations venues d’ailleurs pour offrir des choix abordables aux Canadiens.
Le commerce a toujours été source de controverses. De Laurier à Mulroney, ce dossier a été celui sur lequel des carrières politiques se sont jouées, ont réussi ou ont échoué. Je pense que nous sommes mieux placés pour bénéficier d’une approche stratégique du commerce que n’importe quel autre pays du monde. Quand on compte nos relations de voisinage avec les États-Unis, le fait que nous pouvons nous ouvrir à l’Europe, mais aussi nous tourner vers l’Asie, notre base de ressources et nos compétences pointues – il n’y a aucun pays au monde qui ne serait pas ravi d’être à notre place. .
Et, oui, c’est une des responsabilités économiques fondamentales du premier ministre du Canada de contribuer à ouvrir les marchés étrangers à nos ressources. De plus en plus, le moyen d’y parvenir est une politique environnementale rigoureuse qui garantit à nos partenaires commerciaux que ces ressources sont exploitées de façon responsable. Nous devons entretenir de solides relations avec nos partenaires commerciaux, car lorsque nous avons des vues divergentes, nous pouvons respectueusement exprimer les nôtres, sans mettre en danger des projets cruciaux d’importance nationale.
Nous devons veiller à ce que les gouvernements gardent leurs coûts aussi bas que possible, particulièrement pour la classe moyenne. Les Canadiens de la classe moyenne ont déjà du mal à joindre les deux bouts et sont criblés de dettes. Des augmentations d’impôts pour eux ne sont pas envisageables et il n’en est pas question.
Enfin, notre atout maître, l’atout unique que nous avons ici, est que le Canada est le seul pays du monde qui est fort non pas en dépit de nos différences, mais grâce à celles-ci. Nous le devons à l’approche clairvoyante et généreuse que nous avons adoptée en matière d’immigration depuis Laurier.
Je pense que la grande réussite du Canada sur ce plan est d’avoir toujours un chemin ouvert vers la citoyenneté à tous.
Il est très dangereux d’envisager une autre optique qui nous ferait considérer les nouveaux arrivants comme des travailleurs et non pas comme des futurs Canadiens. Certes, nous voulons accueillir des gens qui vont faire croître l’économie. Mais nous voulons qu’ils soient des bâtisseurs communautaires, des bâtisseurs de pays. En un mot, nous avons besoin de gens qui vont devenir des citoyens fermement ancrés ici.
À ce programme économique de base s’ajoute le fait que nous, les libéraux, défendrons toujours les libertés individuelles.
Les libéraux de la Colombie-Britannique, mon deuxième chez-moi, nous demandent encore d’élargir notre vision de ce que signifie pour nous être un citoyen libre dans une démocratie moderne. Cette fois, ils nous demandent de réfléchir à la possibilité de donner aux Canadiens atteints d’une maladie terminale la possibilité de mettre un terme à leurs souffrances et de planifier leur propre mort dans la dignité.
Les libéraux du Québec nous demandent d’agir sur le plan environnemental et de faire du Canada un leader en matière de gestion de ses ressources naturelles.
Au moment où nous réfléchissons et débattons de ces idées, et de toutes celles qui émaneront de cette convention, je veux que vous gardiez Nathalie en tête.
Quand votre famille et vos amis vous demanderont pourquoi vous êtes libéral, dites leur ceci: Je suis libéral parce que je crois que tous les Canadiens méritent une vraie chance de réussir.
Et nous libéraux travaillerons fort à tous les jours pour nous assurer que tous les Canadiens aient cette chance.
Cela n’a aucune importance d’où vous êtes ou d’où vous venez, quelle langue vous parlez ou depuis combien de temps vous êtes un citoyen canadien.
Il n’y a pas de vous ni de nous dans ce pays. Il n’y a que des nous.
Et le temps est venu que ce nous soit reflété dans la façon dont nous gouvernons ce pays.
Mes amis –
La politique du pire ne nous mènera nulle part.
Comme M. Harper, Mme Marois pratique une politique de la division.
Nous libéraux avons un projet plus rassembleur à proposer aux Québécois.
Les Québécois francophones veulent que l’on respecte leur langue et leur culture, absolument.
Mais ils veulent aussi que tous les niveaux de gouvernements travaillent ensemble.
Et ils veulent, comme tous les autres Canadiens, avoir une vraie chance de réussir.
Ils veulent, comme Nathalie, que l’on laisse les vieilles chicanes constitutionnelles de côté et qu’on s’occupe des priorités des gens de la classe moyenne.
Mes amis –
En 2015, les Québécois pourront choisir l’action plutôt que l’opposition.
Ils pourront choisir un gouvernement qui met l’emphase sur la prospérité économique plutôt que sur la politique de la division.
Ils pourront choisir un gouvernement qui fera tout ce qui est possible pour que tous les Canadiens aient une vraie chance de réussir.
Les Québécois et tous les autres Canadiens ont bâti une société qui fait l’envie du monde pour la manière dont elle a réussi à faire de la diversité un atout – et non un problème.
Notre pays a été fondé sur une prémisse bien simple. Que des gens de différentes origines, de différentes croyances, venus de partout dans le monde, puissent venir s’établir ici pour se donner à eux et à leurs enfants une qualité de vie que peu d’autres pays peuvent leur offrir.
Mes amis, le désir du changement prend de l’ampleur dans ce pays. De nombreux Canadiens et Canadiennes qui ont voté pour les conservateurs aux dernières élections commencent à se montrer fatigués de ce gouvernement.
Les gens à Ottawa parlent de la « base conservatrice » comme si elle était une foule en colère qu’il faut craindre. Ils ont tort. Comme vous le savez tous, les 5,8 millions de Canadiennes et Canadiens qui ont voté conservateur ne sont pas nos ennemis. Ce sont vos voisins.
Ce sont de bonnes personnes. Des gens qui croyaient envoyer à Ottawa des leaders forts de leur communauté pour les représenter, mais qui n’obtiennent rien en retour que l’écho de M. Harper dans leurs collectivités.
Voici ce que je dis à la base conservatrice, dans les collectivités partout au pays.
Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout. Nous pouvons être en désaccord sur bien des sujets, mais je sais que nous pouvons nous entendre sur ceci :
La négativité ne peut pas être la force motrice de notre pays.
C’est peut-être la façon de faire de la direction actuelle du Parti conservateur du Canada, mais ce n’est pas la façon de faire de ces Canadiens qui ont voté conservateur.
Je le sais parce que j’ai été bienvenu dans leurs collectivités depuis un an et demi, tout spécialement dans celles de l’Ouest canadien.
Du moins, je présume qu’un grand nombre d’entre eux ont voté conservateur. Parce qu’à des endroits comme Okotoks et Kamloops, je sais en effet que plus de gens se sont déplacés pour venir m’écouter que pour voter libéral lors de la dernière élection!
Je veux les remercier de leur accueil chaleureux, et de leur hospitalité. Je veux les remercier de m’avoir exprimé de manière respectueuse leurs désaccords lors de mon passage dans les centres communautaires, les sous-sols d’église, et les restaurants le long de la route partout au pays.
Et laissez-moi vous dire, mes collègues libéraux, ils commencent à mieux saisir le parti au pouvoir.
Ce Parti conservateur n’est pas le parti de John A. Macdonald.
C’est le parti de Stephen Harper.
Et voici la dure vérité à propos de M. Harper.
Je crois qu’en tant que jeune réformateur idéaliste, il était un homme de principe.
Mais après plus de huit ans à titre de premier ministre, il a abandonné les principes qui lui tenaient à coeur.
Et ceci, pas seulement sur la question des sénateurs.
La plus importante promesse de M. Harper lors de la dernière campagne – un engagement solennel – était le fractionnement du revenu.
Voici comment la plate-forme conservatrice de 2011 décrivait cette promesse. Ils l’ont appelé (et je cite) : « une mesure historique pour assurer une plus grande équité aux familles ».
Alors oubliez le coût pour le moment. Oubliez les spécifications. Oubliez le fait qu’au départ c’était une mauvaise idée. M. Harper disait à cette époque que ce qui l’incitait à agir était son sens fondamental de l’équité.
Cela semble merveilleux, n’est-ce pas? Même admirable.
Or, nous savons déjà que M. Harper sacrifiera quiconque ne sert plus à ses fins politiques.
C’était une question de principe.
Pensez-y une seconde. Le premier ministre du Canada s’est rendu dans la cour d’une famille canadienne. Il s’est assuré d’avoir des caméras de télévision avec lui. Il a regardé directement les caméras pour dire à la nation qu’elle était traitée injustement, et s’il était élu, qu’il corrigerait la situation.
Voilà ce qui coupe le souffle. Pas qu’il ait abandonné une politique fondamentale ni qu’il n’ait pas respecté un engagement électoral clé. Même s’il s’agit de faits.
La semaine dernière, devant la nation toute entière, le premier ministre a rejeté sa propre idée d’équité.
Pourquoi? Parce qu’il a bien réfléchi et a changé d’idée. Non, il ne l’a fait que pour une raison et une raison seulement :
Il ne pense plus que cela l’aidera à se faire élire.
Je sais que ce n’est pas pour cela que les gens ont voté lorsqu’ils ont voté conservateur.
Alors, mes amis, préparons-nous. Préparons-nous à subir et les attaques personnelles.
Préparons-nous à ce que les conservateurs fassent de la prochaine campagne la plus négative que ce pays ait connu.
Je veux que vous soyez prêts à cela. Je sais que je le serai.
Je sais que je serai prêt parce que je m’appuierai sur vous. Vous voyez, les gens qui disent que cette campagne sera axée sur moi ont tort. Cela est peut-être vrai pour les conservateurs. Et pour une raison quelconque, je les mets dans tous leurs états.
Laissons-les se concentrer sur moi. Nous nous resterons concentrés sur les Canadiennes et les Canadiens.
Ayez confiance en eux. Lorsque nous offrirons un plan pour le Canada pour assurer une vraie chance de réussir à tous, ils l’appuieront.
Mes amis, collèges libéraux, en 1968, lorsque mon père, Pierre Elliot Trudeau, a dit que le Canada doit être une société juste, l’équité était au coeur de cet argument.
L’idée était que ce pays, richement doté de ressources et d’opportunités, pouvait écrire un tout nouveau chapitre dans l’histoire des progrès humains.
En fait, l’idée était qu’avec ces bienfaits qui nous avaient été conférés venait la responsabilité de le faire.
Il a consacré toute sa vie à ce principe. Il a écrit à ce sujet, y a pensé, et l’a promu chaque fois qu’il en a eu la chance. Il y en a même qui disent que son aîné lui doit son nom.
Mon père m’a beaucoup appris, mais l’une des choses les plus importantes est que : vous pouvez être disposé à faire des compromis sur réglementation, vous pouvez être disposé à faire des compromis en matière de politique, mais lorsque vous commencez à compromettre vos principes, vous êtes fini.
Je vous demande de m’aider à bâtir un parti qui demeurera engagé envers ses principes. L’équité, la liberté, le progrès, les occasions, la compassion.
Engageons-nous à donner aux Canadiennes et aux Canadiens une chance réelle et équitable.
Demandez-vous si le Canada est un pays plus juste qu’il y a une décennie?
Sommes-nous un pays plus prospère? Sommes-nous plus libre? Y-a-t-il plus de Canadiens qui ont plus de chance de succès?
Nathalie a-t-elle plus confiance en son avenir? Croit-elle pouvoir laisser à ses enfants un pays meilleur que celui dont elle a hérité de ses parents?
Ce n’est pas ma candidature qui effraie M. Harper et son parti. C’est qu’ils savent, dans leur for intérieur, que la réponse à chacune de ces questions est non.
Encore plus important, les Canadiennes et les Canadiens le savent aussi.
Il est temps de changer cela mes amis. Le Canada est un pays magnifique. Ses bienfaits sont abondants et croissants. Ce qu’il lui manque c’est un leadership et un plan.
Ensemble, nous donnerons aux Canadiens ces deux choses.
Ensemble, nous devons veiller à ce que tous les Canadiens aient une vraie et juste chance de réussir.
Ne perdez pas espoir. Continuez à travailler avec acharnement.
Merci.