Vrai changement dans les relations canado-américaines
23 juin 2015
La version prononcée fait foi
Merci à Canada 2020 de m’avoir invité ici aujourd’hui pour vous parler. Depuis ses débuts, Canada 2020 a été une excellente source de politiques progressistes, et il me fait toujours plaisir de participer à vos événements. Par ailleurs, je vous remercie tous de votre présence parmi nous aujourd’hui. Et merci à toi, Tim, pour ton aimable présentation.
Il est temps de mettre fin au spectacle absurde d’un Canada devenu tyrannique et belligérant au cours de la décennie Harper. Il est temps pour du vrai changement.
-Justin Trudeau
J’aime ce temps de l’année à Ottawa. Ces courtes semaines qui se situent entre les rafales de neige et les canicules d’été. Il y a toujours une fébrilité dans l’air à l’approche de la fête du Canada. Les politiciens quittent la ville, et des gens des quatre coins du Canada arrivent en grand nombre pour célébrer l’anniversaire de leur pays.
Au sud de la frontière – et, en fait, de l’autre côté de la rue, à l’ambassade des États-Unis – des activités semblables ont lieu. Les Américains prennent un répit et s’amusent autour de pique-niques, de feux d’artifice, de hot-dogs et de matchs de baseball. La proximité de ces deux événements dans le calendrier devrait nous faire réfléchir à propos de tout ce que nous partageons avec nos amis du Sud.
Nous nous considérons comme de jeunes pays, voire de nouveaux pays. Pourtant, le Canada aura 148 ans cette année, alors que les États-Unis fêteront leur 239e anniversaire. Nos pays ont une longue histoire commune. Une histoire qui, bien entendu, remonte beaucoup plus loin que la date de naissance officielle de nos pays.
Nos cousins américains perçoivent cette relation comme étant importante. Pour nous, elle a souvent été déterminante. C’est à juste raison que les premiers ministres et les gouvernements sont toujours évalués sur la façon dont ils nourrissent cette relation pour le plus grand bien commun. De la gestion habile de John A. Macdonald dans le dossier des droits de pêche, à la négociation du Pacte de l’automobile effectuée par Mike Pearson, au libre-échange, au refus de participer à la guerre en Irak – la gestion des relations entre le Canada et les États-Unis est l’un des principaux critères selon lesquels l’histoire évalue nos dirigeants.
C’est ainsi que les choses devraient être.
Les relations canado-américaines ont changé au fil des ans. Les Canadiennes et les Canadiens n’ont jamais autant cru en eux. Les gens de ma génération, en particulier, ne voient pas de contradiction entre le fait d’avoir une identité nationale forte et l’interdépendance économique qui nous rend tous plus prospères. Mais la relation Canada-États-Unis n’est pas moins déterminante pour nous aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a 100 ans.
Un ancien premier ministre – et pas celui à qui vous pensez – m’a dit un jour qu’un premier ministre a trois grandes responsabilités :
- faire croître l’économie;
- unifier le pays; et
- bien gérer notre relation avec les États-Unis.
On pourrait certainement débattre à propos de cette affirmation. Mais à mon avis, elle recèle une vérité profonde et essentielle. Les premiers ministres qui connaissent du succès sont ceux qui saisissent bien les grands enjeux. Et la relation Canada-États-Unis est – sans l’ombre d’un doute – l’un des enjeux les plus importants.
Voici ce qu’un autre premier ministre a dit à ce sujet.
« Compte tenu de nos valeurs communes, et des intérêts politiques, économiques et sécuritaires que nous partageons avec les États-Unis, il n’y a pas d’intérêt plus important en matière de politique étrangère que le maintien d’une influence efficace à Washington dans le but de faire avancer les objectifs politiques uniques du Canada. »
En fait, c’est Stephen Harper qui a dit cela, en 2003.
Or, au terme de la décennie Harper, évaluons le premier ministre en suivant ses propres critères, et posons-nous quelques questions simples :
Depuis l’entrée en fonction de M. Harper, la relation entre le Canada et les États-Unis s’est-elle améliorée ou s’est-elle détériorée?
Le Canada jouit-il de plus ou de moins d’influence à Washington depuis que M. Harper est premier ministre? Et quel genre de succès M. Harper a-t-il eu dans « le maintien d’une influence efficace à Washington dans le but de faire avancer les objectifs politiques uniques du Canada »?
À mon avis, les réponses à ces simples questions sont claires : détériorée, moins et peu.
Je crois que la cause profonde de ces échecs est davantage liée à l’approche diplomatique de M. Harper qu’à un affaiblissement des intérêts communs qui unissent nos pays. Nous n’avons jamais tant eu à gagner d’avoir des relations fortes et harmonieuses avec les États-Unis. Malheureusement, M. Harper et ses ministres conservateurs ont teinté leur politique étrangère du style conflictuel et hyper partisan qui est devenu leur marque de commerce. Ils ont bien mal analysé le nouveau contexte dans lequel nous évoluons, et ont raté d’importantes occasions de collaborer avec les États-Unis pour trouver des solutions aux grands enjeux tels que les changements climatiques.
Même si l’on peut avoir de la difficulté à s’en souvenir aujourd’hui, l’un des premiers gestes du président Obama sur le plan de la politique étrangère avait été de signer un accord de coopération avec le Canada sur l’énergie et l’environnement.
M. Harper a eu plus de 6 ans pour tabler sur cette fondation en réalisant de véritables progrès au chapitre d’un enjeu qui sera l’indicateur de notre réussite économique. Pourtant, tous conviendraient que nous ne sommes pas plus avancés aujourd’hui que nous l’étions le jour où le président Obama était de passage à Ottawa.
Comme tout le monde le sait, j’appuie la construction du pipeline Keystone XL depuis le début. Ouvrir les marchés mondiaux aux ressources et produits canadiens est l’une des responsabilités essentielles du premier ministre. Cependant, je le dis également depuis le début de mon leadership : on ne construira jamais KXL à moins d’avoir mis en place une politique environnementale rigoureuse. Plus précisément, j’ai dit que les Américains ne feraient que retarder et reporter pour éventuellement refuser, tant et si longtemps que nous n’aurons pas trouvé un moyen efficace et responsable de mettre un prix sur le carbone.
En 2015, la réalité toute simple est qu’il est inexact et dommageable – tant au Canada qu’à l’étranger – de prétendre qu’il nous faut choisir entre l’économie et l’environnement. Une politique environnementale judicieuse est non seulement une excellente idée, elle est aussi rentable sur le plan commercial. Nous le savons tous, M. Harper a adopté une approche différente. Une approche qui estime que le développement économique et la responsabilité environnementale ne peuvent être réconciliés. Une approche qui est tout simplement sidérante.
Au lieu de travailler de façon constructive pour chercher des solutions aux enjeux les plus importants, M. Harper étale sa vision étroite. Le premier ministre du Canada s’est rendu à New York et a tenté, aux vues et au su de tous, de forcer le président des États-Unis à appuyer sa vision. Et, qu’à cela ne tienne s’il refusait, ce ne serait que partie remise avec le prochain président.
À certaines occasions, les relations entre le premier ministre et le président ont été glaciales. Comme chacun le sait, mon père et le président Nixon n’étaient pas tout à fait des amis intimes. Kennedy et Diefenbaker n’étaient pas de compagnons de pêche. Mais, dans l’histoire de notre pays, il est difficile de trouver un autre premier ministre qui se serait livré à une manœuvre aussi inutile que celle de M. Harper.
Il ne s’agissait pas non plus d’une tactique exceptionnelle. Du célèbre commentaire selon lequel la construction du pipeline serait « simple comme bonjour », au flot ininterrompu de ministres qui se sont rendus aux États-Unis pour faire la leçon à l’administration Obama, voilà ce qu’a été la stratégie de M. Harper. Et son échec.
En fin de compte, la question ne porte pas vraiment sur Keystone, mais sur le bon jugement. Elle porte sur la vision étroite qui a voulu qu’un seul projet dans un secteur industriel donné – tout aussi vaste et important que soient ce projet et ce secteur – ait défini l’une des meilleures et des plus positives relations bilatérales que le monde ait jamais connue. Et, tant au Canada qu’aux États-Unis, nous sommes tous plus pauvres pour autant.
Le problème ne porte pas exclusivement sur l’approche hostile que M. Harper privilégie sur le plan diplomatique. Ses méthodes excessivement partisanes soulignent également son incapacité à travailler de façon constructive avec des personnes qui ne partagent pas son idéologie – que cette personne soit le président des États-Unis ou la première ministre de l’Ontario. Peut-on imaginer qu’il aurait agi autrement si c’était un républicain qui occupait la Maison-Blanche?
Permettez-moi d’être aussi clair que possible à ce sujet. Je suis fier de diriger un parti qui a bien collaboré avec des présidents tant démocrates que républicains dans le but de favoriser les intérêts que nous partageons. C’est parce que nous, libéraux, comprenons une chose fort importante que M. Harper et son parti ont oubliée : la relation entre le Canada et les États-Unis va au-delà de la partisanerie.
Les Canadiens et les Américains ont d’importantes différences, mais nous demeurons coulés dans le même moule. Parmi tous les pays depuis la naissance de l’État-nation, le Canada et les États-Unis sont les deux pays qui entretiennent les liens les plus anciens, les plus pacifiques et les plus mutuellement avantageux. Nous savons, et ce depuis les premiers jours, que nous sommes solidaires; que nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes origines et le même espace; que nous faisons face à plusieurs défis similaires; et que nous avons tout à gagner à nous unir pour relever ces défis.
Nous avons démontré la vérité de cette affirmation au chapitre de la sécurité et de la défense. Depuis la fin des années 50, les Canadiens et les Américains ont travaillé de concert au sein du NORAD pour protéger l’espace aérien de notre continent. Par ailleurs, nous sommes de très proches alliés à l’étranger depuis bien plus longtemps, y compris au sein de l’OTAN. Dans les deux cas, et d’autres qui ont suivi depuis, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions mieux aborder nos préoccupations ensemble que séparément. Et qu’il est dans notre intérêt, et celui des États-Unis, que le Canada agisse de façon dynamique et engagée sur la scène mondiale.
Grâce à notre efficacité diplomatique, nous avons obtenu un siège à des conseils mondiaux de première importance, dont le Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous avons ainsi pu jouer un rôle primordial dans le cadre d’initiatives cruciales comme celles visant à mettre fin à l’apartheid et à interdire les mines antipersonnel. Bien entendu, la diplomatie est facile lorsqu’on collabore avec des gens qui pensent comme nous. Mais elle s’avère beaucoup plus difficile – et combien plus urgente – lorsque l’intérêt commun exige que nous mettions de côté nos différences pour trouver des solutions aux problèmes que nous partageons.
La diplomatie est le reflet de nos valeurs canadiennes fondamentales. Nous sommes, après tout, une nation de peuples divers vivant ensemble dans la paix. Cela fait partie de notre identité nationale.
Or, de vrais changements s’imposent dès maintenant dans la façon dont nous gérons notre relation avec les États-Unis, si nous voulons que nos réussites antérieures soient un présage de l’avenir.
Plusieurs de ces changements portent sur le style et l’approche. Mais, il est un changement tout aussi important qu’il nous faut assimiler et sur lequel nous devons réfléchir en ce qui a trait aux politiques canado-américaines.
Permettez-moi de m’exprimer ouvertement pour un instant.
Les liens particuliers qui existent entre le Canada et les États-Unis ne vont pas de soi. Comme dans le cas de toute relation solide, il faut y consacrer beaucoup d’efforts, il faut la mériter. Aux yeux de Washington, ni notre influence ni notre valeur ne sont établies d’avance. Les politiques qui ne tiennent pas compte de cette réalité essentielle seront vouées à l’échec.
Les États-Unis, tout comme l’Angleterre au 19e siècle, n’ont pas d’amis ou d’alliés permanents. Ils n’ont que des intérêts permanents.
Ce n’est pas avec des menaces et un esprit combatif que nous pourrons avoir une véritable influence à Washington. Nous devons voir les choses dans leur ensemble, s’assurer de comprendre, avec plus de rectitude, la nature profonde des intérêts américains.
Nous devons comprendre où se chevauchent nos propres intérêts nationaux et les intérêts américains. Et pour maintenir de bonnes relations à long terme, nous devons nous consacrer, sans relâche, à faire des progrès dans ces secteurs.
J’ai déjà parlé de certains de ces domaines : les changements climatiques et la prospérité propre. En effet, on ne saurait trop insister sur l’importance vraiment fondamentale de la révolution énergétique planétaire qui est en cours. L’économie américaine s’ajuste rapidement pour profiter de ce changement. Les dirigeants de ses secteurs publics et privés font de sérieux investissements dans des stratégies audacieuses pour classer les États-Unis au premier rang dans ce tout nouveau monde.
Mais sous le gouvernement de Stephen Harper, le Canada tire de l’arrière. Or, je partage l’avis que nous devons diversifier et mondialiser notre approche relative au commerce et aux investissements étrangers. Nous devons renforcer davantage nos liens avec les marchés mondiaux florissants, particulièrement en Asie et en Afrique.
Toutefois, nous ne devrions pas perdre de vue l’objectif plus près de chez nous. Je ne suis pas de ceux qui envisagent l’avenir de l’économie américaine avec pessimisme. Le déclin de la croissance américaine est l’équivalent géopolitique du sasquatch : il est souvent signalé, mais jamais confirmé.
L’accès libre au marché américain est un bienfait incomparable pour l’économie du Canada. Ce marché représente trois quarts de nos échanges commerciaux et – ce qui est plus important – des millions et des millions de bons emplois pour les familles canadiennes de la classe moyenne. Nous ne devons jamais tenir cela pour acquis.
Il nous faut comprendre le contexte aux États-Unis tel que le comprennent les Américains, et non pas comme nous voudrions qu’ils le comprennent.
Je pourrais vous citer de nombreux exemples – de l’OTAN à l’avenir de l’Arctique – mais je consacrerai le reste du temps dont je dispose à un enjeu dont on parle beaucoup trop peu : le Mexique et son influence fondamentale sur les relations canado-américaines.
Pour Washington, le Mexique est maintenant une préoccupation stratégique équivalente ou supérieure à celle du Canada. Et on ne peut faire disparaître ce fait essentiel par enchantement.
Comme c’est le cas pour les États-Unis, l’approche que privilégie M. Harper dans ses relations avec le Mexique a été belliqueuse et, à la limite, grossière. Outre la négligence généralisée qui caractérise leur politique, les changements que les conservateurs ont apportés aux exigences relatives aux visas ont étonné et indûment embarrassé les Mexicains. En réalité, ces modifications auraient dû être annulées il y a longtemps.
Le Mexique possède une économie importante, une industrie énergétique florissante et une jeune main d’œuvre. Selon certaines évaluations, d’ici 15 ans, son économie rivalisera avec celles de la France et la Grande-Bretagne. Par ailleurs, sa classe moyenne enregistre une des croissances les plus rapides au monde. Fait essentiel, il s’agit du seul marché émergent au monde à s’être engagé à réduire les émissions qui causent les changements climatiques.
Il ne faut pas pour autant minimiser les défis qui se posent au Mexique. Leurs problèmes sont réels et bien connus, et nous devrions offrir notre aide en tant que partenaire pour les résoudre. Dans bien des domaines, les Canadiens possèdent le savoir-faire nécessaire pour répondre aux besoins du Mexique, de la construction d’institutions publiques, à l’organisation de services de police civile en passant par le développement d’infrastructures. Le Mexique offre des occasions de faire évoluer nos relations et nos économies. Nous devons les saisir.
Qu’est-ce que cela signifie pour le Canada et les relations canado-américaines? À mon avis, cela implique que nous devons de nouveau voir ces relations dans un contexte continental. Nous devons voir dans l’avenir de l’Amérique du Nord notre propre avenir. Les dirigeants américains ont longtemps perçu les problèmes et les progrès du Mexique comme étant les leurs. Il nous faut dès maintenant comprendre que, pour avoir une réelle influence dans les corridors de Washington, nous devons d’abord aider à résoudre de sérieux problèmes dans les domaines où nos intérêts sont profondément interreliés.
M. Harper n’y comprend vraiment rien. Sa dernière contribution sur le plan de la diplomatie nord-américaine a été d’annuler un sommet trilatéral avec les dirigeants du Mexique et des États-Unis l’hiver dernier. Un geste tristement typique de la décennie Harper.
Que faire, alors?
Premièrement, nous devons rétablir la coopération.
Comme l’a dit un jour l’ancien secrétaire d’État américain, George Shultz, la gestion des relations canado-américaine est semblable à l’entretient d’un jardin. Pour éviter d’être envahis par les mauvaises herbes, il nous faut les arracher constamment, et dès qu’elles commencent à pousser. Le premier ministre doit communiquer avec le président sur une base régulière, peu importe qui occupe ce poste. Nous ne sommes pas tenus d’être toujours d’accord, mais nous devons nous parler.
Par ailleurs, la relation canado-américaine doit également s’inscrire dans le contexte plus large de l’Amérique du Nord.
Voilà pourquoi, dans un tout premier temps, notre gouvernement libéral prendra des mesures pour annuler les exigences de visas imposées aux Mexicains, et pour convoquer et accueillir un nouveau sommet trilatéral avec les États-Unis et le Mexique.
Deuxièmement, nous devons exercer des pressions en faveur du prochain grand jalon dans l’histoire du partenariat nord-américain : la signature d’une entente sur les énergies propres et l’environnement. L’Amérique du Nord peut et devrait être le producteur d’énergie le plus efficace et responsable au monde. Depuis les exportations d’énergies renouvelables du Canada, comme l’hydroélectricité, à l’ouverture des marchés énergétiques du Mexique, en passant par les avancées révolutionnaires dans le secteur énergétique américain, ensemble, nous pouvons positionner l’Amérique du Nord pour un avenir énergétique plus propre. Les résultats les plus importants de toute entente seraient notamment la coordination continentale des politiques d’atténuation du changement climatique et l’alignement des positions dans les négociations internationales.
Troisièmement, un gouvernement libéral chercherait à redynamiser la coopération au chapitre de la réduction des obstacles aux échanges et au commerce entre nos pays – notamment en améliorant l’infrastructure frontalière, en rationalisant l’inspection du fret, et en facilitant la libre circulation des personnes. Une économie nord-américaine efficace est essentielle pour la prospérité du Canada et pour la création de bons emplois.
Finalement, nous devons traiter la relation que nous avons avec le sérieux qu’elle mérite.
Au Canada, cela signifie que nous devons créer un comité du Cabinet chargé de surveiller et gérer nos relations avec les États-Unis. Et veiller à ce que notre ambassadeur à Washington soit fréquemment assis à cette table. Et à l’étranger, nous devons poser un défi à nos diplomates en poste aux États-Unis pour qu’ils fassent preuve de créativité dans leur approche à cette relation, tout en leur donnant le mandat et les ressources nécessaires – que les conservateurs ont sabrés – pour bien faire leur travail. Aux États-Unis, comme ailleurs, toute politique a un caractère local. Pour mieux comprendre ces réalités particulières et pour faire entendre la voix du Canada là-bas, nous devons avoir du personnel en place dans le plus grand nombre possible de régions et de communautés critiques.
Ces changements ne sont pas compliqués. Pour les mettre en œuvre, il nous faudra une meilleure vision des relations que nous entretenons avec nos partenaires commerciaux les plus importants et les plus essentiels. Le Canada a toujours compris que son engagement résolu et entier sur la scène internationale ouvre la voie non seulement à notre propre réussite, mais à celle des autres aussi. Nous avons énormément à offrir en tant que pays.
C’est pour une bonne raison que l’on décrit souvent la diplomatie comme étant un art. Il faut du temps, de la pratique, de la compétence, de la créativité et de la patience – et la volonté d’admettre ses erreurs. Pendant des générations, les Canadiens ont été maîtres dans la pratique de cet art. Les circonstances l’ont exigé. Et, d’un premier ministre à l’autre, on a compris combien il est important de veiller à son bon fonctionnement.
Il faut du vrai changement dans la façon dont le Canada gère sa relation avec les États-Unis, dans notre conception de la place que nous occupons sur ce continent et dans le reste du monde.
Il est temps de mettre fin au spectacle absurde d’un Canada devenu tyrannique et belligérant au cours de la décennie Harper. Il est temps pour du vrai changement.
Merci.