Le financement des infrastructures : une escroquerie budgétaire de plus
06 février 2014
Les affirmations gratuites des conservateurs sur les emplois et la croissance sont légion dans le budget fédéral de 2013, alors qu’au vu de la situation actuelle, le taux de croissance économique du Canada se situe au niveau décevant de 1,6 % (soit pire que la performance anémique de l’année précédente) et que celui de la création d’emplois est tout aussi médiocre – le pire depuis la récession – avec un taux de chômage obstinément bloqué à 7,2 %.
Ce budget est donc un échec et ne restera célèbre que pour avoir éliminé des services aux anciens combattants, lancé une subvention pour l’emploi et qui n’existe toujours pas, gaspillé des millions en publicités gouvernementales ridicules et augmenté encore les impôts (charges sociales, impôts à la consommation, impôts sur les petites entreprises, taxes sur les coopératives de crédit, etc.). En fait, il s’agit du quatrième budget de suite par le biais duquel Stephen Harper augmente le fardeau fiscal global des Canadiennes et des Canadiens.
Pour ce qui est des municipalités canadiennes, la mesure la plus décevante – certains parleraient de trahison – du budget 2013 est le refrain conservateur sur « l’augmentation » des fonds alloués à l’infrastructure communautaire. Les conservateurs ont revendiqué haut et fort « l’augmentation » de leur prétendu Fonds Chantiers Canada, qui arrive à échéance cette année.
Ce n’est pourtant qu’un tour de passe-passe. M. Harper a usé d’un stratagème que l’on pourrait qualifier de « regrouper pour mieux reporter ». Autrement dit, il tenait à PARAÎTRE consentir un gros investissement dans les infrastructures sans véritablement affecter ces fonds, le tout à cause de sa vantardise politique sur l’équilibre budgétaire l’année prochaine. Selon sa promesse en matière d’infrastructures, il regroupe les 10 années à venir et reporte la majorité du financement à la fin de cette période, c’est-à-dire des années plus tard, lorsque le gouvernement Harper aura cessé d’exister.
Entre-temps, la réalité est bien une compression flagrante des dépenses d’infrastructure. Le Fonds Chantiers Canada plonge de son niveau actuel d’environ 1,7 milliard de dollars par an à un maigre 210 millions de dollars en 2014-2015 et stagne à ce niveau réduit en 2015-1016. Cela représente une compression de près de 3 milliards de dollars au cours des deux années à venir, et il est prévu qu’il ne retrouve son niveau annuel actuel qu’après 2019.
Le graphique ci-joint illustre clairement ce point.
On remarque le trou béant qu’a créé M. Harper en matière de financement des infrastructures. N’oubliez pas que tout ce qui se trouve du côté droit de ce trou n’est pas immobilisé. Il s’agit simplement d’une « promesse », tout comme les autres promesses de M. Harper de ne jamais taxer les fiducies de revenu, de ne jamais réduire les prestations de la Sécurité de la vieillesse, de ne jamais nommer de sénateurs, de ne jamais laisser tomber nos anciens combattants et de ne jamais accuser de déficit. À cause de ses multiples atteintes à la confiance publique, près des deux tiers des Canadiennes et des Canadiens déclarent tout simplement ne plus croire les affirmations de M. Harper.
La coupe franche et immédiate dans les infrastructures n’est que l’un des problèmes que doivent résoudre les municipalités.
Il leur faut également déterminer la part de la maigre enveloppe restante qui sera réellement disponible pour les projets prioritaires des administrations locales et le montant qui sera englouti par les initiatives nationales ou provinciales. Une partie de ces fonds a-t-elle déjà été préengagée? De même, alors que la saison 2014 de la construction approche, le gouvernement fédéral n’a pas encore fixé les modalités et conditions ou décidé du processus de demande du Fonds Chantiers Canada pour l’année à venir.
Dès lors, la frustration des municipalités est compréhensible.
Hon. Ralph Goodale, PC, député (Wascana)
Chef adjoint du Parti libéral du Canada
Ministre des finances du Canada de 2003 à 2006