Le gouvernement devrait aider les Canadiennes et les Canadiens à prendre leur retraite dans la dignité
03 juin 2015
Les Canadiens sont préoccupés par la perspective de leur départ à la retraite.
Il ressort des sondages récents que les Canadiens en âge de travailler craignent de plus en plus de ne pas pouvoir jouir d’une bonne sécurité financière au moment de leur retraite. Cette inquiétude est confirmée par des données statistiques qui montrent qu’un segment important de la société a du mal à épargner suffisamment. Au lieu de fermer les yeux sur un problème pourtant connu, le gouvernement du Canada devrait plutôt chercher à aider les Canadiens à prendre leur retraite dans la dignité. La solution est pourtant simple : il suffit d’une bonification modeste du Régime de pensions du Canada (RPC).
Considérant ses frais de gestion peu élevés et les bons taux de rendement obtenus par son conseil d’administration, le RPC constituerait le nouveau mécanisme de pension à la fois le plus sûr et le plus économique pour les travailleurs canadiens. En outre, le Régime repose sur une base actuarielle solide qui en assure la viabilité pour les 75 prochaines années, aussi les Canadiens peuvent-ils être confiants dans le fait que le RPC, tel qu’il existe et après sa bonification, sera en place pour les aider au moment de leur retraite.
Malheureusement, un nouveau retraité reçoit en moyenne environ 600 $ par mois de prestations du RPC à l’heure actuelle. C’est carrément insuffisant.
C’est pourquoi, lors des élections de 2015, les Libéraux sillonneront le pays, allant de porte en porte pour demander aux citoyens du Canada de leur confier comme mandat de discuter avec les provinces et d’élaborer un plan en vue de financer une bonification progressive du RPC à titre de régime à prestations déterminées.
Il est un peu ironique de constater que c’est l’ancien ministre des Finances conservateur, feu Jim Flaherty, qui a lancé cette idée. Vers le début de 2010, il a mené de vastes consultations auprès des Canadiens à ce sujet. Par la suite, il a écrit aux ministres provinciaux des Finances, leur disant notamment : « Lors de mes consultations, j’ai constaté un fort soutien à l’endroit du Régime de pensions du Canada et de son rôle central dans notre système public de revenu de retraite. Je crois que nous devrions envisager une bonification modeste, progressive et entièrement capitalisée des prestations. » [Traduction]
Depuis, l’Île-du-Prince-Édouard a mis de l’avant une proposition en vue de hausser les prestations de base du RPC. Pour sa part, l’Ontario met en place son propre régime provincial de pension. La plupart des autres provinces ont fait savoir au cours des cinq dernières années qu’elles appuyaient fortement une bonification modeste du RPC.
Il est clair que le moment est venu d’aller de l’avant.
Ne manque que le leadership de l’État fédéral. Hélas, à ce chapitre, les Canadiens ne peuvent compter sur Stephen Harper, qui a toujours eu de l’aversion pour le RPC. Il y a même eu des rumeurs selon lesquelles il aurait fait obstacle aux efforts déployés par M. Flaherty pour bonifier le Régime. Lors des réformes apportées au RPC en 1998, M. Harper a déclaré au Globe and Mail que si l’on faisait le total de tout le gaspillage économique qui a pu survenir à l’échelon fédéral et qu’on le multipliait par cent, cela donnait l’Office d’investissement du RPC. Dans sa tristement célèbre lettre dite « Firewal Letter », il exhortait l’Alberta à cesser de participer au RPC.
Le RPC ne pourra jamais être bonifié tant que Stephen Harper demeurera au pouvoir.
La volte-face soudaine des conservateurs, qui annoncent la tenue de consultations au sujet d’une éventuelle bonification du RPC sur une base volontaire n’est rien d’autre qu’un stratagème empreint de cynisme pour faire croire aux Canadiens que, après une décennie ou presque d’inaction, ils vont réellement prendre des mesures de réforme en matière de pensions. Faut-il rappeler qu’ils ont déjà mené des consultations de grande ampleur il y a à peine quelques années sur la possibilité d’établir des prestations supplémentaires du RPC selon une approche volontaire, pour rejeter ensuite cette solution du revers de la main.
L’affirmation que vous entendrez sans doute de la part des conservateurs est que, pour bonifier les prestations définies de base du RPC, il faudrait instaurer un impôt qui entraînerait des pertes d’emplois. Or, les faits nous apprennent ceci : au cours des six années qui se sont écoulées après le 1er janvier 1998 et le début des réformes du RPC, le nombre d’emplois a augmenté de 14 %. M. Harper ne peut que rêver d’un tel résultat : dans les six années ayant suivi la fin de la récession, le nombre d’emplois a connu une croissance de 7 % seulement. De toute évidence, les arguments avancés par les conservateurs sont sans fondement.
Les Canadiens ont toutes les raisons de douter de la sincérité de ce gouvernement lorsqu’il est question de la sécurité du revenu de retraite de base pour les aînés. Ils peuvent par contre compter sur un gouvernement libéral dirigé par Justin Trudeau pour travailler de concert avec l’ensemble des provinces et des territoires, de même qu’avec les travailleurs et les employeurs, afin d’améliorer le Régime de pensions du Canada à l’intention des générations futures.
Les Canadiens doivent être en mesure de prendre leur retraite dans la dignité, et cela doit être un principe directeur pour tous les ordres de gouvernement.