Le manque de jugement du premier ministre
28 septembre 2013
Jeudi, le député conservateur Dean Del Mastro, qui quelques jours à peine auparavant avait été reconduit dans ses fonctions de secrétaire parlementaire du premier ministre, faisait face à quatre chefs d’accusations graves en vertu de la Loi électorale du Canada notamment pour avoir fait plus de dépenses électorales que la loi ne le permet et avoir outrepassé grandement les limites de contributions permises durant une campagne, et en outre pour avoir transmis des déclarations fausses et trompeuses à Élections Canada.
Ces dernières et très graves allégations confirment ce que les Canadiennes et les Canadiens savent depuis trop longtemps : les conservateurs estiment qu’ils n’ont pas à respecter les mêmes règles que celles qui s’appliquent à tout le monde.
Stephen Harper a été élu parce qu’il promettait un gouvernement responsable et éthique. Comme le premier ministre l’a dit lorsqu’il a été élu la première fois :
« Ce gouvernement s’intéresse à la responsabilisation, et nous avons l’intention de la mettre en pratique. » (Hansard, le 7 décembre 2006.)
Quelle triste ironie du sort que M. Del Mastro – la même personne nommée par le premier ministre pour défendre le gouvernement conservateur contre les allégations de fraude électorale lors de l’élection fédérale de 2011 – soit lui-même accusé d’avoir commis des violations flagrantes à la loi.
M. Del Mastro n’est que le dernier exemple du manque de jugement du premier ministre. Un bref aperçu des personnes clés nommées par M. Harper conduit à des constatations troublantes :
- Nigel Wright, ancien chef de cabinet du premier ministre :
Il a démissionné après avoir admis qu’il avait donné un chèque de 90 000 $ au sénateur Mike Duffy pour couvrir les dépenses non admissibles de ce dernier – une transaction qui fait maintenant l’objet d’une enquête de la GRC.
À l’heure actuelle, il fait face à une enquête de la GRC au sujet de ses dépenses et de l’entente avec Nigel Wright.
- La sénatrice Pamela Wallin :
Elle fait maintenant face à sa propre enquête de la GRC, après qu’une vérification comptable récente l’ait obligée à rembourser 121 348 $ aux contribuables.
- Le sénateur Patrick Brazeau :
Il fait face à une enquête de la GRC pour abus de confiance.
- Peter Penashue, ancien ministre conservateur de premier plan :
Il a démissionné à la suite d’un nombre d’allégations concernant de graves irrégularités durant sa campagne électorale, des dépenses excessives et des milliers de dollars en contributions non admissibles.
- Bruce Carson, un ancien proche collaborateur du premier ministre :
Faisant face à une enquête sur l’éthique et à une accusation de trafic d’influence, M. Carson a été embauché par le bureau du premier ministre en dépit du fait que ses deux condamnations antérieures pour fraude étaient connues.
- Arthur Porter, ancien président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité :
Il fait face à des accusations de fraude, complot en vue de commettre une fraude au sein du gouvernement, abus de confiance et blanchiment des produits de la criminalité.
- Saulie Zajdel, ancien candidat conservateur et conseiller ministériel :
Il fait face à cinq accusations criminelles de corruption, pots-de-vin, abus de confiance et fraude.
En outre, aujourd’hui nous apprenons que de nouvelles règles pour assurer un contrôle plus strict des dépenses du Sénat ont été reportées, à cause de la décision de M. Harper de proroger le Parlement.
Les Canadiennes et les Canadiens s’attendent à ce que leurs élus respectent les règles du jeu, et ces accusations contre M. Del Mastro risquent de nuire à la confiance des Canadiens envers notre système électoral démocratique.
Presque huit années plus tard, les Canadiennes et Canadiens attendent toujours le gouvernement responsable et éthique que M. Harper leur avait promis.
Scott Andrews, député
Porte-parole en matière de gouvernement ouvert et d’éthique