Le rapport Wallin révèle une nouvelle fois le manque de jugement du premier ministre
16 août 2013
Au début de la semaine, le Sénat a reçu le rapport d’une vérification indépendante concernant les dépenses de la sénatrice Pamela Wallin. Ce rapport a non seulement confirmé ce dont les nouvelles faisaient état depuis des semaines – que la sénatrice Wallin a demandé le remboursement, aux frais des contribuables, de dépenses possiblement frauduleuses se chiffrant à des dizaines de milliers de dollars – mais il a également révélé une nouvelle fois le manque de jugement du premier ministre.
C’est le premier ministre qui a nommé la sénatrice Wallin, c’est lui qui a pris sa défense pendant des semaines au Parlement et auprès des Canadiens, et c’est lui qui a refusé de faire appel à la police en dépit de la gravité des allégations portées contre elle. En fait, le 13 février, il s’est levé à la Chambre des communes et a déclaré clairement :
« Pour ce qui est de la sénatrice Wallin, j’ai regardé les chiffres. Ses frais de déplacement sont comparables à ceux de tout autre parlementaire ayant à faire la navette entre Ottawa et cette région du pays, pendant la période en question. »
Soit le premier ministre a délibérément trompé la population canadienne, soit il n’a pas cherché à avoir des renseignements factuels sur l’affaire concernant la sénatrice Wallin, contrairement à ce qu’il a dit aux Canadiens. Quoiqu’il en soit, son attitude démontre un manque flagrant d’honnêteté, d’intégrité et de responsabilité qui est devenu la caractéristique des conservateurs de Stephen Harper.
Les Canadiens n’oublient pas que Stephen Harper et son gouvernement ont été impliqués dans un autre scandale d’ordre éthique qui a causé la perte d’un collecteur de fonds clé pour le Parti conservateur – le sénateur Mike Duffy – et de Nigel Wright, ex-bras droit et chef de cabinet du premier ministre. Les détails de cette affaire sont sordides – M. Wright a apparemment fait un chèque de 90 000 $ au sénateur Duffy, sans doute pour bloquer un enquête interne sur des demandes de remboursement de dépenses possiblement frauduleuses soumises par le sénateur – ce qui démontre, là encore, un grave manque de considération pour la transparence et pour l’argent des contribuables. Dans ce cas également, le premier ministre a pris la défense de MM. Duffy et Wright, avant de changer son fusil d’épaule et de prétendre que M. Wright avait agi seul. Malheureusement pour le premier ministre, la GRC a maintenant révélé qu’il avait induit les Canadiens en erreur. En réalité, trois proches collaborateurs de M. Harper, ainsi qu’un sénateur conservateur, étaient tout à fait au courant de la transaction secrète impliquant la remise de ce chèque.
Il est indéniable que ce que révèlent ces deux affaires sur le jugement de Stephen Harper est très préoccupant. Au lieu de saisir les autorités de ces affaires inquiétantes, il a pris la défense des personnes impliquées et a attaqué ceux qui voulaient en savoir plus. Lorsque sa position est devenue politiquement indéfendable, il a jeté les accusés aux lions et ne s’est reconnu aucunement responsable d’avoir permis que ces graves manquements à l’éthique se produisent alors qu’il était aux commandes.
Les Canadiens en ont assez de l’attitude manipulatrice et cachottière de ce premier ministre. Il doit dire la vérité sur les affaires Wallin et Duffy-Wright, et expliquer pourquoi il a induit le public en erreur, pourquoi il a refusé de faire appel à la police et pourquoi il a fait preuve d’un tel manque de jugement. Il ne peut plus se cacher, refuser de répondre aux questions légitimes et garder les Canadiens dans le noir.
Stéphane Dion
Député, Saint-Laurent-Cartierville
Porte-parole libéral responsable des Affaires intergouvernementales, du Conseil privé de la Reine pour le Canada, de réforme démocratique, de langues officielles et de la Francophonie