Le rôle du Canada sur la scène mondiale
24 août 2019
Le texte prononcé fait foi
Le 21 août 2019
Mesdames et messieurs, bonjour.
Merci de votre accueil chaleureux et merci à Pierre et à toute l’équipe du CORIM de m’avoir invité ici aujourd’hui.
Dans quelques jours, je vais me rendre à Biarritz où je vais rencontrer les autres dirigeants du G7 et discuter des grands enjeux auxquels notre monde est confronté.
Donc, aujourd’hui, je veux partager avec vous notre vision positive du rôle unique et multidimensionnel du Canada à une époque où notre monde semble de plus en plus imprévisible.
Une vision selon laquelle on aide la classe moyenne, on défend vigoureusement nos intérêts et nos valeurs, et on répond à l’appel alors que d’autres se désistent.
Vous savez, notre pays est ancré dans les valeurs de diversité et d’ouverture.
Nous sommes bien sûr un pays commerçant. Un pays influent et toujours prêt à collaborer, mais pas assez grand pour imposer à nous seuls l’orientation des affaires mondiales.
C’est en partie pour ces raisons que les Canadiens tirent directement profit de la coopération mondiale, des institutions multilatérales et des relations internationales régies par des règles et des principes.
Nous avons toujours compris que les défis auxquels notre monde fait face ont un impact sur les intérêts canadiens.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on vit dans un monde où faire entendre la voix du Canada est non seulement possible, mais ce à quoi les gens s’attendent.
C’est devenu facile de tenir pour acquises des institutions comme le G7, le G20, les Nations Unies, l’OTAN et l’OMC.
Mais n’oublions pas à quel point l’idée d’une coopération mondiale était révolutionnaire après deux guerres mondiales.
La vision était celle d’un monde connecté, forgé sur le respect du droit international et des droits de la personne.
Un monde où des normes et des principes communs encadrent le pouvoir militaire.
Où la croissance économique offre un présent meilleur pour beaucoup et un avenir meilleur pour tous.
Heureusement, cette vision s’est propagée.
Elle a produit des résultats incroyables, et les Canadiens ont joué un rôle important tout au long du processus.
Au cours des quatre dernières années, en tant que premier ministre, j’ai eu de nombreuses conversations avec des Canadiens, des dirigeants mondiaux, des experts et des professionnels incroyables qui forment notre corps diplomatique. À travers ces conversations, la seule constante est que le monde a changé – et qu’il a changé rapidement.
L’année 2019 s’annonce très différente de l’année 2015.
Les citoyens ont de moins en moins confiance que leurs dirigeants, leurs institutions et leurs systèmes économiques leur offriront un avenir meilleur.
Ils ont du mal à croire que la mondialisation profite à d’autres gens que les 1 % les mieux nantis.
De plus en plus, les pays se replient sur eux-mêmes et sont facilement, mais dangereusement, attirés par les courants populistes et nationalistes.
Ils choisissent de blâmer les étrangers pour leurs problèmes nationaux et se replient à l’intérieur de leurs frontières.
Le résultat, c’est un monde plus imprévisible et plus instable, où certains ont choisi de s’éloigner du manteau du leadership mondial, alors que d’autres remettent en question les institutions et les principes qui ont façonné l’ordre international.
Cela a une incidence directe sur le monde d’aujourd’hui.
Le protectionnisme est à la hausse et le commerce est devenu une arme.
Les dirigeants autoritaires ont été enhardis, provoquant de nouvelles formes d’oppression.
Les appels à la réforme démocratique, de Moscou à Caracas, sont réprimés.
Les crises qui ont déjà fait l’objet d’une intervention internationale ferme sont en train de s’envenimer et de se transformer en des situations d’urgence régionales ayant des répercussions mondiales.
Et tout cela rend plus difficile la résolution des problèmes qui exigent une action mondiale urgente.
Les changements climatiques sont une menace existentielle pour l’humanité, et la science nous dit qu’il nous reste un peu plus d’une décennie pour trouver une solution pour notre planète.
Et les changements technologiques se produisent à un rythme sans précédent. Ils transcendent les frontières, refaçonnent nos sociétés et rendent de nombreuses personnes plus anxieuses que jamais.
Notre gouvernement a réagi à ce nouveau monde en rejetant le populisme et en redonnant aux gens la confiance que leurs gouvernements peuvent travailler pour eux.
Comme je l’ai dit aux Nations Unies en 2016 : « La peur n’a jamais nourri une famille, ni créé un seul emploi. Et ceux qui l’exploitent ne résoudront jamais les problèmes qui ont suscité cette inquiétude. »
Nous savons que trop de gens se sentent laissés pour compte. Nous avons donc décidé de bâtir une économie plus profitable pour tout le monde.
De façon concrète, ça veut dire réduire les impôts de la classe moyenne et donner aux parents plus d’argent pour les aider à élever leurs enfants.
Ça veut aussi dire investir dans la prochaine génération et réaffirmer nos valeurs communes.
Mais les Canadiens ne sont pas les seuls à s’inquiéter de ce que l’avenir leur réserve.
C’est pourquoi nous avons entamé une conversation mondiale à propos de la prospérité de la classe moyenne. C’était d’ailleurs l’un des grands thèmes de notre présidence du G7 l’année dernière.
À Charlevoix, les dirigeants ont pris des nouveaux engagements concernant l’égalité et la croissance économique pour faire bouger les choses.
Nous avons pavé la voie pour faire de la croissance de la classe moyenne non seulement une priorité canadienne, mais une priorité internationale.
Cela dit, nous devons également reconnaître que dans un monde de plus en plus incertain, le Canada sera appelé à défendre fermement ses intérêts et ses valeurs, et à s’engager lorsque d’autres se retirent.
Notre relation avec les États-Unis est un bon exemple de notre approche.
Les États-Unis sont notre allié le plus proche – c’est le moins qu’on puisse dire.
Le Canada profite depuis longtemps de cette relation et du leadership américain dans le monde.
Nous sommes des amis et des partenaires et non pas simplement des alliés.
Nous partageons plus qu’une frontière. Il y a aussi la culture, la nourriture, la musique et les affaires. Nous partageons une histoire riche et de nombreuses valeurs fondamentales.
C’est pourquoi nous comptons l’un sur l’autre depuis la création de nos deux pays distincts.
Ce n’est pas un hasard.
Nous avons fait le choix de poursuivre nos intérêts communs, tout en respectant nos différences et en réglant nos désaccords au moyen de négociations franches.
Ainsi, le changement d’administration aux États-Unis, son approche à l’égard du rôle des États‑Unis dans le monde et son intention de mettre fin à l’ALENA constituaient des défis nouveaux et sérieux.
Mais notre gouvernement – y compris la brillante et tenace Chrystia Freeland – a adopté dès le premier jour une approche ferme et claire : sans aggraver la situation inutilement, nous avons choisi de défendre vigoureusement les intérêts du Canada et nous avons refusé de reculer.
Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour communiquer à nos partenaires américains ce qui pourrait arriver si l’ALENA disparaissait du jour au lendemain.
Et ce n’est pas seulement l’équipe menée par notre gouvernement qui a accompli le travail – les chefs d’entreprise, les syndicats et les travailleurs eux-mêmes, les autres ordres de gouvernement, les groupes autochtones et les Canadiens ordinaires se sont tous mobilisés.
Ensemble, nous étions une seule Équipe Canada.
Et lorsque les Américains ont imposé des droits de douane injustes au titre de l’article 232 sur nos exportations d’acier et d’aluminium, nous avons annoncé des mesures de représailles.
En faisant preuve de discipline, en nous concentrant sur nos objectifs communs et en ignorant le Parti conservateur qui nous empressait de capituler, nous avons fait éliminer les droits de douane, renégocié l’ALENA et accompli notre travail.
Nous y sommes arrivés parce que nous avons tenu bon et sommes restés à la table de négociations.
Nous avons renégocié un accord de libre-échange avec notre partenaire le plus important et le plus essentiel, à une époque où les Américains prônent le protectionnisme.
Les travailleurs canadiens de l’acier et de l’aluminium ne sont plus confrontés à des droits de douane injustes.
Les exportations du Canada vers les États-Unis ont atteint un niveau record.
Et nous l’avons fait tout en maintenant une relation solide et constructive avec nos homologues américains.
Mes amis, c’est une victoire pour le Canada.
Mais l’ALENA n’est pas le seul accord commercial important qu’on a conclu. On a aussi négocié le nouveau Partenariat transpacifique et l’Accord économique commercial global, qui garantissent au Canada un accès privilégié aux marchés de l’Asie-Pacifique et de l’Europe.
Et on l’a fait justement au moment où la diversification du commerce est plus importante, mais aussi plus contestée que jamais.
Les Canadiens profitent maintenant d’un accès libre de droits aux deux tiers de l’économie mondiale.
Et le Canada est le seul pays du G7 à avoir conclu un accord de libre-échange avec tous les autres pays du G7.
Au cours des quatre dernières années, que ce soit dans le cadre de l’ALENA, de l’AECG ou du nouveau Partenariat transpacifique, nous avons obtenu des résultats considérables sans jamais compromettre nos valeurs.
Nous savons que le commerce libre et équitable est essentiel à la croissance de notre économie.
Mais encore faut-il que les ententes conclues soient bénéfiques pour tous nos citoyens.
On sait très bien que l’ancienne approche à la mondialisation ne fonctionne plus.
Le fait que le commerce crée de la croissance n’est pas remis en cause – une augmentation des activités économiques crée plus d’opportunités pour les entreprises.
La libre circulation des biens et des services est une bonne chose pour les économies.
Mais c’est faux et imprudent de penser que les citoyens vont automatiquement profiter des avantages du commerce.
Il est aussi incorrect et dangereux d’espérer que le commerce n’aura pas d’effets néfastes sur l’environnement, la main-d’œuvre, les industries culturelles ou les peuples autochtones.
Le commerce n’a pas toujours profité à tout le monde.
Mais cela ne veut pas dire que nous devons fermer nos frontières et nous replier sur nous-mêmes – nous devons plutôt adopter une nouvelle approche.
Nous devons conclure des ententes qui ne se limitent pas à un seul objectif et nous efforcer de nous concentrer autant sur les gens que sur les chiffres.
Le commerce libre et équitable doit tenir compte des principes et des valeurs des Canadiens. Et c’est en mettant de l’avant cette approche que nous pouvons convaincre les gens d’appuyer les efforts que nous déployons en leur nom.
Nous obtenons leur appui en leur montrant que nous nous concentrons sur les avantages que le commerce peut procurer à leurs enfants et petits-enfants. Un élément important de cette démarche consiste à aider les gens et les industries qui sont appelés à composer avec des changements importants.
Ne pas comprendre cette nouvelle réalité, c’est faire preuve de naïveté.
Lors de nos récentes négociations commerciales, nous avons démontré qu’une approche pragmatique, progressiste et fondée sur des principes mène à des résultats concrets.
Prenons, par exemple, le Partenariat transpacifique et l’AECG.
Les négociations entourant ces deux accords ont été lancées sous le gouvernement Harper, mais lorsqu’on est arrivé au pouvoir, elles se trouvaient dans une impasse.
Il a fallu un nouveau gouvernement, avec une nouvelle approche — un gouvernement qui a multiplié les ponts comme jamais auparavant — pour finalement arriver à une entente.
Dans le cas du Partenariat transpacifique, on a décidé d’aller de l’avant à un moment où les États-Unis avaient choisi de se retirer.
C’était une occasion pour nous d’établir des nouveaux partenariats avec les économies en pleine croissance de l’Asie-Pacifique.
Et c’était important qu’on le fasse, parce que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace rapidement vers l’est.
Aujourd’hui, le Canada est mieux positionné pour l’avenir.
On entretient des liens encore plus étroits qu’avant avec des alliés de longue date comme le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Dans le cas de l’AECG, notre gouvernement a démontré aux Européens qu’on comprenait que les accords commerciaux modernes devaient être profitables pour les gens de la classe moyenne, et qu’ils devaient s’inscrire dans l’intérêt public, notamment en ce qui concerne la protection de l’environnement.
Le Canada a souvent fait valoir auprès de nos partenaires de l’Union européenne que s’ils n’arrivaient pas à conclure un accord avec nous — un pays qui partage leur vision du monde, qui respecte des normes rigoureuses et qui a à sa tête un gouvernement farouchement progressiste — avec qui exactement pensaient-ils pouvoir conclure un accord?
J’ai été invité à prendre parole devant l’Assemblée nationale française pour notamment présenter notre vision du commerce international.
J’ai fait valoir que lorsque les échanges commerciaux sont bien encadrés, ils profitent au plus grand nombre.
Un contraste clair avec certains membres de l’opposition qui ont décidé d’envoyer des lettres aux législateurs français leur demandant de voter contre cet accord important.
Finalement, l’AECG a été adopté.
C’est un accord qui rehausse les normes du commerce international et qui représente également un nouveau chapitre dans l’histoire de notre amitié.
En effet, il trace les grandes lignes d’une coopération renouvelée avec les pays d’Europe.
Et on a d’ailleurs pu constater la force de cette amitié lors du Sommet entre le Canada et l’Union européenne, qui a lieu ici à Montréal plus tôt cet été.
En ce qui concerne l’ALENA, rappelons d’abord que les députés conservateurs avaient vivement critiqué les priorités canadiennes, comme notre désir d’établir des meilleures normes pour les travailleurs et veiller à la protection de l’environnement.
C’est plutôt ironique lorsqu’on réalise que ce sont justement ces dispositions progressistes qui vont aider l’accord à être adopté par un Congrès américain où les démocrates détiennent la majorité.
Il s’agit là de réussites majeures avec des partenaires anciens et nouveaux.
Mais pour que le commerce mondial soit durable et profitable à tous, il doit être régi par des règles et soutenu par des institutions qui fonctionnent.
C’est pourquoi, de concert avec ses partenaires, le Canada agit pour s’attaquer à un problème urgent.
Le Canada a réuni un groupe de membres de l’Organisation mondiale du commerce, maintenant appelé le Groupe d’Ottawa, en vue de moderniser cette organisation, qui joue un rôle crucial pour faciliter le commerce international et régler les différends.
Alors que nous cherchons à réformer et à renforcer l’OMC, le Canada travaille avec l’UE pour établir un nouveau mécanisme d’appel qui permettra l’arbitrage des différends commerciaux de façon provisoire.
À cet égard, nous pouvons remercier Jim Carr pour son excellent travail.
Et le Canada devra continuer de faire preuve de leadership dans les années à venir, y compris en ce qui concerne l’environnement.
Aujourd’hui, les politiciens conservateurs continuent de dire que l’accent que nous mettons sur l’environnement – dans les accords commerciaux et de façon générale – n’est pas fondé.
Mais ce qu’ils ne semblent pas comprendre, c’est que les Canadiens exigent que des mesures soient prises pour lutter contre les changements climatiques.
Les changements climatiques constituent une menace existentielle.
Le Parti conservateur ne comprend pas ça.
Mais ça ne devrait pas nous surprendre.
N’oubliez pas que Stephen Harper a été nommé « Fossile de l’année » à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques – plusieurs années de suite.
Cet aveuglement volontaire à la menace des changements climatiques a contribué au déclin de la stature et de l’influence du Canada dans le monde.
Il a nui à notre capacité de construire des infrastructures énergétiques et a menacé des accords commerciaux comme l’AECG.
Nous devons être clairs : les changements climatiques façonneront les relations entre les pays dans les années à venir, et leur ampleur ne fera qu’augmenter.
Plus important encore, c’est sur cet enjeu singulier que les générations futures nous jugeront.
Notre gouvernement comprend l’ampleur du défi que représentent les changements climatiques.
Et la réalité, c’est que la pollution ne connaît pas de frontières.
Il faut donc mener cette lutte à l’échelle planétaire.
Grâce au leadership de la ministre McKenna, on a réalisé des progrès incroyables à ce niveau-là.
Le Canada a joué un rôle de premier plan dans les négociations de l’Accord de Paris que 195 pays appuient.
Lorsqu’on a accueilli le G7 à Charlevoix l’année dernière, on a dévoilé la Charte sur les plastiques dans les océans, qui propose des mesures concrètes pour éliminer la pollution plastique.
Depuis, 21 pays y ont adhéré.
Et quelques mois après Charlevoix, le Canada a organisé la Conférence sur l’économie bleue durable avec le Japon et le Kenya.
Chez nous, on élimine progressivement le charbon, on protège nos océans, on est en train de bannir les plastiques à usage unique et on met un prix sur la pollution.
Dans les pays en développement, le Canada appuie à coup de milliards de dollars des démarches essentielles visant à contrer les changements climatiques.
Notre décision de tendre la main aux pays en développement est un autre exemple de la façon dont notre politique étrangère diffère de celle du gouvernement précédent.
On comprend que la seule façon de bâtir un monde plus stable, plus pacifique et plus prospère, c’est d’offrir un avenir meilleur à tous, incluant les plus vulnérables.
C’est pourquoi nous avons lancé la toute première politique d’aide internationale féministe.
Aujourd’hui, la majeure partie des fonds canadiens destinés à l’aide au développement appuie l’autonomisation sociale, politique et économique des femmes vulnérables.
Parce que lorsque les femmes et les filles réussissent, lorsqu’on aide les plus pauvres et les plus vulnérables, les économies et les communautés sont plus fortes.
Mais pour appuyer ces femmes et ces filles tout au long de leur vie, on doit veiller à ce qu’elles aient accès à la même éducation que d’autres tiennent pour acquise.
C’était l’une de nos grandes priorités lors de notre présidence du G7, et je suis très fier de dire qu’en travaillant avec nos partenaires, le Canada a réussi à recueillir un investissement historique de 3,8 milliards de dollars pour l’éducation des femmes et des filles dans les États en situation de crise et de conflit.
En même temps, on reconnaît aussi l’importance cruciale de garantir l’accès à des soins de santé de grande qualité.
Nous avons appuyé les efforts du premier ministre Harper en vue d’améliorer la santé des mères, des enfants et des nouveau-nés.
Mais nous avons aussi compris qu’il fallait aller encore plus loin pour tenir compte de l’ensemble des besoins des femmes et des filles.
Et sur ce point, on a énormément compté sur le leadership de la ministre Monsef.
Donc, quand on a accueilli les pays du monde à Vancouver lors de la Conférence Women Deliver, on s’est engagé à augmenter notre financement à 1,4 milliard de dollars par année d’ici 2023 pour soutenir la santé des femmes et des filles dans le monde.
De ce montant, on parle de 700 millions de dollars par année qui seront destinés spécifiquement à la santé sexuelle et reproductive et aux droits qui s’y rattachent.
Qu’il s’agisse de créer le Fonds pour l’égalité, de mettre sur pied FinDev Canada ou de travailler avec le secteur privé pour bâtir des infrastructures durables, nous comprenons la nécessité de créer des coalitions et des outils innovateurs, dignes du 21e siècle.
Mais soyons clairs : dans ce monde de moins en moins stable, le Canada doit aussi être prêt à se défendre et à agir lorsqu’il est appelé à le faire.
Notre ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, comprend cela mieux que quiconque.
Nous avons réalisé un investissement sans précédent dans la puissance militaire du Canada, en augmentant notre budget de la défense de 70 %. Ainsi, nous offrons à nos hommes et femmes en uniforme l’équipement et la formation dont ils ont besoin pour remplir leurs fonctions au meilleur de leurs capacités.
Cela comprend la capacité de mieux défendre le Canada et de contribuer à la sécurité du continent.
Conscients des répercussions des changements climatiques et de l’intensification du trafic maritime dans l’Arctique, nous renouvelons la flotte de notre Garde côtière, construisons des navires de patrouille extracôtiers de l’Arctique et élargissons la surveillance par satellite et les systèmes télépilotés.
De plus, nous reconstruisons et modernisons les installations, et nous améliorons l’approvisionnement des Rangers canadiens.
Par rapport à il y a quatre ans, nous avons plus de navires de patrouille, de brise-glace et de véhicules blindés légers en commande.
Nous avons aussi de nouveaux avions de recherche et de sauvetage en route.
Et après dix années de maladresses de la part des conservateurs, nous avons enfin une demande de propositions pour la nouvelle flotte de chasseurs du Canada, qui sera 35 % plus grande pour mieux répondre à nos besoins et obligations.
Nous comprenons que la protection du Canada ne s’arrête pas à la frontière.
Nous apportons la plus grande contribution à la stabilité mondiale lorsque nous mettons à profit l’expertise du Canada pour répondre aux besoins mondiaux les plus pressants.
Notre approche a consisté à privilégier le travail en partenariat, en nous appuyant sur notre expertise et nos capacités canadiennes uniques pour bâtir une paix durable partout où nous menons des activités.
Et contrairement à l’indifférence – et même à l’hostilité – du gouvernement Harper à l’égard de la coopération multilatérale, nous avons choisi non seulement de renouveler notre engagement dans des organisations importantes comme l’OTAN et l’ONU, mais aussi d’assumer un rôle de leadership au sein de ces dernières.
Aux côtés des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, nous dirigeons la défense du flanc est de l’Europe par le biais de notre groupement tactique en Lettonie.
L’an dernier, j’ai visité les troupes en poste là‑bas et j’ai pu constater de mes propres yeux le rôle clé que joue le Canada.
Et après avoir contribué à la défaite de Daech, le Canada aide l’Irak à se reconstruire et à établir une paix durable, notamment en assurant le commandement de la nouvelle mission de formation de l’OTAN pendant les deux premières années.
Nous avons assumé ces rôles tout en continuant à nous tenir côte à côte avec d’autres partenaires comme l’Ukraine.
Aujourd’hui, les liens qui unissent le Canada et l’Ukraine sont plus étroits que jamais.
Nous avons récemment signé un nouvel accord de libre‑échange, et les observateurs électoraux canadiens, dirigés par l’ancien ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, ont travaillé à protéger l’intégrité des dernières élections en Ukraine.
En 2015, lorsque l’Ukraine a demandé l’aide du Canada pour former ses troupes, nous avons répondu à l’appel.
Et nous venons tout juste d’élargir la portée de la mission et de la prolonger jusqu’en 2022, parce que le Canada défendra toujours la souveraineté de l’Ukraine. Les gestes d’agression de la Russie et son annexion illégale de la Crimée sont totalement inacceptables, et nous allons toujours nous y opposer.
Aux Nations Unies, nous avons choisi de réengager le Canada de façon à renforcer leur capacité à promouvoir la paix et la sécurité dans les années à venir.
Au cours de la dernière année, les Casques bleus canadiens ont participé à une mission de l’ONU au Mali.
Grâce à notre appui et notre engagement, nos partenaires ont pu accéder à des zones éloignées et vulnérables afin d’instaurer une paix durable et encourager la prospérité à long terme.
Nous avons également mené la charge pour ce qui est du Programme sur les femmes, la paix et la sécurité de l’ONU, en plus d’avoir mobilisé le soutien de plusieurs pays à l’égard des principes de Vancouver sur les enfants soldats.
Dans un monde où l’autoritarisme et l’instabilité sont à la hausse, le Canada continue d’assumer un rôle de leader.
À titre d’acteurs de premier plan au sein du Groupe de Lima, nous avons travaillé plus étroitement que jamais avec nos alliés de l’Amérique latine pour défendre la démocratie au Venezuela face au régime illégitime de Nicolás Maduro.
Plus tôt cette année, ici au Canada, le Groupe de Lima a produit la déclaration d’Ottawa à laquelle adhèrent maintenant près de deux douzaines de pays.
Et préoccupé par la lenteur à laquelle la communauté internationale réagissait au génocide des Rohingyas, le Canada a nommé l’ancien premier ministre Bob Rae comme envoyé spécial au Myanmar.
C’est sur ses recommandations que nous avons accordé plus de 300 millions de dollars pour répondre aux besoins de la population, en plus de faire pression pour que des comptes soient rendus pour les crimes qui ont été commis.
Bien entendu, je ne dis pas que le travail est terminé ou qu’on a remédié à tous les maux de la planète.
Et je ne dis pas non plus que tout ce qu’on a essayé jusqu’à maintenant a fonctionné.
Mais, à une époque marquée par l’imprévisibilité, on ne peut pas refuser d’essayer simplement parce que les résultats ne sont pas garantis.
Il faut trouver une façon de réaliser des progrès.
Pour préserver l’ordre international fondé sur des règles et adapter les institutions internationales à notre réalité actuelle, le Canada doit travailler avec un large éventail de partenaires.
Des acteurs qui ont récemment acquis une influence revendiquent leur place à la table en proposant des nouvelles approches et des nouvelles idées. Et il faudra travailler avec eux pour s’attaquer à des enjeux mondiaux.
Le défi consiste à s’adapter aux changements d’une manière qui permet de dégager des intérêts communs et de saisir des nouvelles opportunités, tout en préservant les principes internationaux fondamentaux.
Prenons, par exemple, la Chine.
C’est la deuxième plus grande économie du monde, avec près d’un milliard et demi d’habitants.
Nos pays entretiennent depuis longtemps des relations diplomatiques. En fait, ça fera 50 ans l’année prochaine.
Des liens étroits unissent nos citoyens, et nous reconnaissons la Chine comme une véritable source d’opportunités économiques pour les Canadiens.
Mais nous avons aussi eu de nombreux désaccords. Nous savons bien que la Chine a un système politique et des valeurs fondamentales qui sont différents des nôtres.
Nous suivons de près l’évolution de la situation à Hong Kong et gardons à l’esprit les 300 000 citoyens canadiens qui y habitent.
De concert avec nos partenaires internationaux, nous avons mis en relief la nécessité de faire preuve de retenue et de rejeter la violence.
Le moment est venu de nouer un dialogue et de respecter les libertés fondamentales, y compris le droit de réunion pacifique.
Notre gouvernement a également travaillé sans relâche pour assurer la libération et la sécurité de Michael Kovrig et Michael Spavor, notamment en suscitant un large soutien de la part de la communauté internationale.
Les Canadiens s’attendent à ce que notre engagement à l’égard des droits de la personne demeure inébranlable. Ils s’attendent aussi à ce qu’on respecte l’importance primordiale du droit international.
En tant que communauté mondiale, nous devons reconnaître que la Chine est une puissance en plein essor qui s’impose en ce qui a trait à sa place dans l’ordre international.
Mais soyons très clairs : nous défendrons toujours les Canadiens et les intérêts du Canada.
Nous avons une longue histoire de relations directes et fructueuses avec des partenaires majeurs.
Nous n’allons pas empirer la situation, mais nous ne reculerons pas non plus.
Et il y a, bien sûr, d’autres questions urgentes qui exigent notre attention.
La suprématie blanche, l’islamophobie et l’antisémitisme sont un fléau grandissant à travers le monde comme au pays.
L’égalité des sexes prend du recul.
Les droits de la personne sont de plus en plus menacés.
Voilà le monde dans lequel nous vivons. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas perdre de vue nos valeurs fondamentales.
Cela veut dire qu’il faut être prêts à prendre la parole même si on sait que, parfois, il y aura un prix à payer.
Mais lorsque notre courage et nos convictions l’exigent, nous n’avons pas le choix.
En somme, la crédibilité et l’influence du Canada reposent sur le fait que nos partenaires savent qui nous sommes et connaissent les valeurs que nous défendons.
Laissez-moi vous donner quelques exemples concrets de notre approche.
Dans l’ensemble de la communauté internationale, c’est le droit d’Israël d’exister qui est le plus largement — et faussement — remis en question.
Dans ce dossier, on a toujours été clairs : le Canada est un ami inébranlable d’Israël.
En même temps, la compréhension mutuelle et les progrès réalisés par l’entremise de négociations pacifiques sont plus importants que jamais. C’est pourquoi nous continuons d’appuyer une solution à deux États.
Et sur les droits LGBTQ2, nous sommes fiers d’avoir récemment assuré la coprésidence de la Coalition pour l’égalité des droits avec le Chili.
C’est une organisation qui réunit 42 États membres et qui tente de faire avancer les droits des personnes LGBTQ2 dans le monde.
Et contrairement aux politiciens conservateurs, qui bloquent la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, nous sommes allés devant l’Assemblée générale des Nations Unies pour affirmer que nous devons faire mieux pour les peuples autochtones au Canada.
Mesdames et messieurs, dans un monde marqué par la montée du populisme, du leadership changeant chez les grands pouvoirs, et des défis globaux considérables, les Canadiens auront des choix importants à faire.
En cette période électorale, les politiciens conservateurs misent encore une fois sur les politiques de la division.
Ils envisagent un monde où le Canada agirait comme si les changements climatiques n’existaient pas.
Pas plus tard que la semaine dernière, l’ancien ministre conservateur des Finances, Joe Oliver, déclarait qu’au fond, les changements climatiques étaient une excellente nouvelle pour le Canada.
Allez donc essayer de dire ça aux gens qui ont perdu leur maison à cause des inondations ou des feux de forêt.
Les politiciens conservateurs envisagent un monde où ils nient un soutien essentiel aux femmes vulnérables et marginalisées en refusant de financer la santé et les droits sexuels et reproductifs.
Un monde où des doutes face à la coopération internationale poussent le Canada à se retirer des institutions multilatérales comme les Nations Unies.
Les conservateurs envisagent un monde où le Canada agit en gérant d’estrade – où on refuse de faire notre part, tout en s’attendant à ce qu’on nous offre une tribune d’où lancer nos critiques.
Ils envisagent un monde où le Canada fraye avec les forces du populisme, en attisant la crainte et en répandant la désinformation.
Ils n’arrêtent pas de critiquer, mais la réalité, c’est qu’ils n’ont aucune solution de rechange à proposer quand on leur demande ce qu’ils feraient différemment.
Mais il y a une chose qu’on sait parfaitement, c’est que leur approche en matière de politique étrangère va affaiblir le Canada sur la scène mondiale.
Ce sera un retour à l’ère Harper, où le Canada est de moins en moins important.
Mais une vision avant-gardiste et positive est aussi sur la table. Une vision qui s’appuie sur les réussites des quatre dernières années.
Une vision qui comprend non seulement les inquiétudes à la base de l’instabilité internationale, mais l’importance du leadership canadien dans un monde plus imprévisible qu’avant, et la nécessité de relever les défis mondiaux les plus importants.
Dans les prochaines années, le Canada devrait placer la démocratie, les droits de la personne, le droit international et la protection de l’environnement au cœur même de sa politique étrangère.
Nous croyons en ces principes depuis longtemps, mais on est maintenant appelé à faire plus pour les défendre, à la fois parce que c’est la bonne chose à faire et parce que c’est dans notre intérêt national.
Après tout, un monde qui compte plus d’États autoritaires, qui respecte moins les droits de la personne et où les règles internationales sont affaiblies est un monde où le Canada se tire moins bien d’affaire, a moins d’amis et fait face à de plus grandes menaces.
On a beaucoup accompli en quatre ans, mais on doit faire plus pour faire avancer nos intérêts et notre place dans le monde.
On doit trouver des façons de mettre le savoir‑faire canadien à la disposition des pays qui cherchent à devenir des démocraties, à faire avancer la justice, et à établir des gouvernements plus forts, plus transparents et meilleurs.
On devrait se tenir côte à côte avec ceux qui risquent leur vie pour défendre la démocratie et la paix, et être prêts à leur offrir refuge lorsqu’ils sont victimes de persécutions à l’étranger.
On doit aussi faire plus pour aider les petites et moyennes entreprises canadiennes à exporter pour que tous les Canadiens puissent profiter des retombées du commerce international.
Au moment où certains se retirent de la scène internationale, nous devrions travailler avec d’autres en vue de mobiliser les efforts internationaux, particulièrement en veillant à ce que les plus vulnérables et les plus marginalisés aient accès aux soins de santé et à l’éducation dont ils ont besoin.
Les Canadiens ont trouvé leur force dans la diversité. Nous avons tiré avantage de l’ouverture. Les contraintes financières ne devraient jamais empêcher les Canadiens de découvrir le monde ou de nouer des liens positifs à l’étranger, surtout en ce qui touche les jeunes et les aînés.
J’aurai bientôt l’occasion d’en dire plus au sujet de ces propositions et de vous en présenter d’autres.
Mesdames et messieurs, dans trois jours, les pays du G7 vont se réunir en France.
L’état actuel de notre monde, ainsi que les préoccupations concernant l’économie mondiale vont figurer en tête de notre ordre du jour.
Mon message sera clair.
Il faut bâtir un avenir où tout le monde peut profiter de la croissance économique et où on investit pour aider la classe moyenne.
Il faut continuer de travailler ensemble pour que les relations internationales et le commerce soient régis par des règles et des principes.
Et il ne faut jamais oublier que la paix et la prospérité sont à portée de main lorsque les gouvernements écoutent et servent leurs concitoyens.
C’est l’approche que le Canada a choisie.
Nous sommes fiers d’être une démocratie libérale et une société multiculturelle.
Nous valorisons les droits de la personne, l’égalité et les possibilités économiques.
Nous savons que les nouveaux arrivants renforcent nos communautés.
Nous savons que le commerce devrait être libre et équitable, tout en reflétant nos valeurs.
Nous savons que pour protéger nos intérêts nationaux, nous devons agir pour résoudre des enjeux internationaux.
Nous savons que les Canadiens sont capables de faire bien plus que leur part quand il s’agit de préserver la paix et la sécurité.
Nous savons que, parmi les nombreux problèmes qui exigent des solutions d’envergure mondiale, les changements climatiques représentent l’enjeu le plus urgent.
Et nous savons qu’une classe moyenne forte et prospère est le rempart le plus sûr contre le populisme destructeur.
Mes amis, voilà le Canada que nos alliés connaissent.
Voilà le Canada que je suis fier de servir.
Et voilà le Canada dont ce monde tumultueux a besoin.
Merci.