Justin Trudeau sur le projet d’agrandissement de Trans Mountain
20 juin 2019
LA VERSION PRONONCÉE FAIT FOI
Bonjour tout le monde. Merci d’être ici pour l’annonce de cette décision importante.
En 2015, nous avons été élus en faisant une promesse aux Canadiens. On s’est engagé à faire les choses différemment au pays et à faire croître la classe moyenne. On s’est également engagé à élaborer un plan concret pour protéger notre environnement et lutter contre les changements climatiques.
Pour nous, ces objectifs ne sont pas contradictoires. Ils sont complémentaires.
Au 21e siècle, on ne peut pas avoir un vrai plan pour l’économie ou les emplois sans avoir un vrai plan pour lutter contre les changements climatiques. Nous voulons des bons emplois pour la classe moyenne aujourd’hui et pour nos enfants.
Ça veut dire qu’on doit créer de la richesse aujourd’hui pour pouvoir investir dans l’avenir. Nous devons investir dans les Canadiens et les aider à saisir les opportunités créées par une économie qui évolue rapidement, ici au pays et à travers le monde.
Les Canadiens du 21e siècle ne seront pas bien servis par les politiques du siècle dernier.
Voilà l’approche que nous adoptons dans tout ce qu’on fait, y compris dans les décisions concernant le développement des ressources.
En 2016, nous avons annoncé l’approbation du projet d’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain.
L’oléoduc Trans Mountain est en service depuis plus de 65 ans. Nous avons approuvé le jumelage de cet oléoduc, soit l’installation d’un pipeline additionnel à côté de celui qui est déjà en place.
Ce projet pourrait créer des milliers de bons emplois pour les Canadiens de la classe moyenne. Des gens de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et des quatre coins du pays auraient de nouvelles opportunités de bien gagner leur vie.
C’est ce qu’on cherche à faire depuis le début de notre mandat. On appuie les Canadiens pendant qu’ils travaillent fort pour créer des emplois et pour bâtir nos communautés.
Et notre plan fonctionne.
Il a aidé les Canadiens à créer plus d’un million d’emplois, et nous a permis de sortir 825 000 Canadiens de la pauvreté.
Créer des emplois, créer les conditions qui permettent aux gens d’améliorer leur vie — c’est là-dessus qu’on travaille chaque jour. Et notre démarche a bien sûr un impact sur la façon dont on analyse les propositions de projets comme TMX.
On pense aussi que TMX pourrait régler un défi économique fondamental auquel on fait face à l’heure actuelle.
C’est très simple. En ce moment, on n’a qu’un seul client pour nos ressources énergétiques : les États-Unis. Et comme on l’a vu au cours des dernières années, on peut s’attendre à tout de la part de nos voisins du sud.
Je veux être très clair : les Américains sont des amis, des partenaires et des alliés solides.
Mais les Canadiens forment leur propre pays et font leurs propres choix. Cependant, on peut seulement faire des choix lorsque différentes options s’offrent à nous. Et en ce moment, quand on parle de nos ressources conventionnelles, ce n’est pas le cas.
Nous avons seulement un client.
99 % de nos ressources conventionnelles sont vendues aux États-Unis, souvent à prix très réduit.
Tous les gens d’affaires savent que lorsqu’on n’a qu’un seul client, on est dans une position affaiblie.
On est susceptible aux désirs du client et aux changements qui touchent son marché et ses politiques.
Nous ne croyons pas que la situation actuelle soit acceptable pour le Canada.
Les Canadiens comprennent – aujourd’hui plus que jamais – qu’il faut diversifier nos activités pour rejoindre de nouveaux marchés. Et lorsqu’on doit acheminer le pétrole sur notre territoire, les pipelines sont beaucoup plus sécuritaires que le transport ferroviaire.
Donc, quand Kinder Morgan a décidé de se retirer du projet, notre gouvernement est intervenu pour donner suite.
Mais disons-nous les vraies choses. Les grands projets ne voient plus le jour de la même façon qu’avant.
On ne peut pas juste décider de construire un chemin de fer un jour et commencer à poser les rails le lendemain.
Ça ne fonctionne plus comme ça et c’est une bonne chose.
Nous avons la responsabilité de tenir des consultations et de procéder de la bonne façon. L’ancienne méthode ne mène à rien. Vous n’avez qu’à demander au gouvernement conservateur qui nous a précédés.
C’est exactement ce que la Cour d’appel fédérale nous a dit en août dernier. Elle nous a dit que si on voulait pouvoir construire cet oléoduc, on devait mieux faire les choses.
Et savez-vous quoi? Elle avait raison. Alors voici ce qu’on a fait.
Nous avons demandé à l’Office national de l’énergie d’examiner les impacts que TMX pourrait avoir sur l’écosystème marin et de nous fournir des recommandations.
Nous avons doublé la taille de nos équipes de conseillers et relancé la troisième phase des consultations auprès des communautés autochtones. Ce travail a été supervisé par l’ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci.
Le ministre Sohi a personnellement rencontré plus de 65 groupes autochtones dans le cadre de 46 réunions. Et sur ce point, je veux remercier le ministre et toutes les communautés autochtones pour leur participation et leur engagement à l’égard de ce processus.
En fin de compte, nous avons été à l’écoute. Et nous agissons en fonction de ce que nous avons entendu.
Les communautés autochtones nous ont dit qu’il fallait en faire plus pour protéger et rétablir l’habitat du saumon dans le fleuve Fraser.
Elles nous ont dit qu’elles voulaient davantage de renseignements et une place à la table lorsqu’il serait question de gérer les activités touchant la mer Salish et le tracé du projet.
Elles nous ont demandé de donner suite à nos efforts visant à protéger les épaulards résidents du Sud et leur habitat.
Elles nous ont dit qu’elles voulaient être mieux équipées pour gérer les incidents maritimes de toute nature – et qu’il fallait notamment élaborer conjointement un rôle pour les communautés autochtones dans le cadre des interventions maritimes.
Nous avons écouté les préoccupations des communautés et nous agissons en fonction de leurs idées.
Nous travaillons avec les peuples autochtones pour assurer l’élaboration et la mise en œuvre de véritables mesures d’accommodement visant à rendre notre environnement, notre côte et nos communautés plus sûres, plus saines et mieux protégées que jamais auparavant.
Nous avons abordé cette décision avec un esprit ouvert depuis le tout début. Et le temps est maintenant venu de passer à la prochaine étape.
Aujourd’hui, j’annonce que notre gouvernement a nouvellement approuvé le projet d’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain.
L’entreprise planifie de commencer les travaux pendant cette saison de construction.
Mais nous avons aussi entendu les Canadiens qui nous ont dit qu’ils veulent un avenir plus vert.
C’est donc pourquoi nous avons décidé d’investir chaque dollar généré par ce projet dans la transition écologique du Canada.
Si on regarde seulement les recettes fiscales additionnelles, on parle d’environ 500 millions de dollars par année une fois le projet terminé.
On va investir cet argent, ainsi que les profits générés par la vente de l’oléoduc, dans des projets d’énergie renouvelable qui vont alimenter nos maisons, nos entreprises et nos communautés pour des générations à venir.
Et enfin, nous allons lancer une nouvelle phase de consultations auprès des groupes autochtones pour parler des différentes façons dont ils pourraient directement profiter de ce projet.
Il pourrait s’agir de détenir des actions, de partager les revenus ou de quelque chose de complètement différent. On aborde ces conversations avec l’esprit ouvert.
Et en ce qui a trait à une éventuelle participation des peuples autochtones au projet, nous ne prévoyons aucune limite. La participation autochtone à la Trans Mountain Corporation pourrait s’élever à 25 %, à 50 % ou même à 100 %.
Ce sont des conversations que nous avons hâte d’avoir.
En allant de l’avant avec TMX, nous créons des nouveaux emplois. Nous allons rejoindre des nouveaux marchés. Nous allons accélérer notre transition écologique et nous créons de nouvelles avenues pour favoriser la prospérité économique des peuples autochtones.
Je sais que certaines personnes seront déçues par cette décision.
Je comprends votre déception.
Et je sais que pour certains d’entre vous, vos préoccupations sont très concrètes.
Aux gens de la Colombie-Britannique qui s’inquiètent d’un déversement, par exemple, sachez que nous prenons vos préoccupations très au sérieux. J’ai vécu à Vancouver lorsque j’étais enseignant et j’ai des racines profondes en Colombie-Britannique. Je comprends votre désir de protéger la côte et l’océan parce que je le partage.
Notre priorité absolue est de faire en sorte qu’aucun déversement ne survienne. Mais je sais qu’on doit être prêts à tout.
Après dix ans de compressions budgétaires sous Stephen Harper, nous avons réinvesti dans la Garde côtière canadienne. Avec de nouveaux navires, du nouvel équipement d’intervention environnementale et de nouvelles stations sur la côte Ouest – notamment la réouverture de la base de la Garde côtière de Kitsilano – nos professionnels n’ont jamais été aussi prêts à intervenir dans l’éventualité peu probable d’un déversement.
Je sais que cette décision a suscité beaucoup de questions de la part des Canadiens. Certains se demandent comment je peux affirmer être un leader dans la lutte contre les changements climatiques et en même temps, construire un oléoduc.
C’est une question qui se pose et qui mérite une réponse.
Donc je leur dis ceci.
Il faut regarder les faits. Le but du projet, ce n’est pas d’augmenter notre production de pétrole. C’est d’élargir nos options. Avec TMX, le Canada dépendra moins des États-Unis, qui est présentement notre seul client, et aura accès aux marchés asiatiques qui sont en plein essor.
Mais je sais que cette question ne concerne pas seulement les faits. Elle concerne aussi nos priorités en tant que gouvernement. Et oui, mes priorités personnelles en tant que premier ministre.
Je pense que nos priorités sont claires, et elles sont très différentes du choix que proposent les conservateurs.
Au cours des quatre dernières années, nous en avons fait plus pour l’environnement que n’importe quel autre gouvernement dans l’histoire du Canada.
Mettre un prix sur la pollution, protéger nos océans, investir dans le transport en commun, réduire la pollution plastique, appuyer le développement de technologies vertes, encourager l’achat de véhicules électriques…voilà certaines des mesures que nous avons prises.
Et c’est sûr qu’il reste encore beaucoup de travail à faire. Je suis impatient de parler de notre plan pour les quatre prochaines années durant la campagne électorale cet automne.
À ceux qui veulent de l’énergie renouvelable et un environnement plus propre, sachez que c’est ce que je veux, moi aussi.
Mais pour combler l’écart entre là où nous sommes et là où nous voulons être, il faut de l’argent.
Le Canada a le privilège de posséder des ressources naturelles et cela s’accompagne de responsabilités importantes.
Alors que les pays du monde entament la transition écologique, il y aura encore une demande pour nos ressources existantes. Et, à l’heure actuelle, des centaines de milliers de bons emplois reposent sur cette demande.
La réalité, c’est que ça n’a aucun sens, ni sur le plan économique ni sur le plan environnemental, de vendre nos ressources à un prix réduit.
Nous devrions plutôt mettre à profit ce que nous possédons et investir les retombées dans notre avenir. Nous pouvons ainsi faire avancer la transition écologique qui est déjà à notre portée.
En fin de compte, produire plus ou moins d’énergie conventionnelle n’est pas le choix qui s’offre à nous. Nous devons plutôt choisir où nous pouvons vendre nos ressources et comment nous pouvons livrer la marchandise de façon sécuritaire. Nous croyons fermement qu’en augmentant le nombre d’options et de marchés qui s’offrent à nous, le Canada sera mieux en mesure de créer des bons emplois pour la classe moyenne et d’investir dans notre avenir commun.
C’est ce qui explique la décision d’aujourd’hui.
Nos travailleurs du secteur de l’énergie, et plus particulièrement ceux de l’Alberta, souffrent depuis beaucoup trop longtemps. Pourquoi? Parce que le gouvernement précédent n’a pas pu faire construire un oléoduc vers des nouveaux marchés, même s’il a été au pouvoir pendant dix ans.
Les conservateurs sous Stephen Harper ont essayé, et ils ont échoué. Ils ont eu dix ans pour rejoindre des nouveaux marchés — sans succès.
Et c’est parce que les conservateurs s’entêtent à vouloir revenir en arrière. Ils veulent répondre aux problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier.
Ils s’obstinent à exclure les peuples autochtones dans tout ça et à ignorer les préoccupations environnementales. Des préoccupations qui sont d’ailleurs parfaitement légitimes.
Je ne dis pas ça pour rien. Je parle ici de leur bilan et d’une politique qui n’a toujours pas changé.
En dix ans, les conservateurs n’ont réussi à bâtir aucun oléoduc vers des nouveaux marchés, mais ils ont réussi à créer une chose : une profonde division entre ceux qui veulent des oléoducs et ceux qui n’en veulent pas.
Et aujourd’hui, c’est clair qu’ils n’ont rien appris de tout ça.
Ils voulaient qu’on impose notre façon de faire avec le projet TMX, même quand la Cour d’appel fédérale nous a dit le contraire.
Les conservateurs n’ont aucun problème à diviser les Canadiens et à monter les provinces les unes contre les autres.
Contrairement à eux, nous cherchons à obtenir les meilleurs résultats possibles pour tous les Canadiens.
Parce que le gouvernement fédéral ne sert pas juste certaines factions de notre société. Il ne sert pas juste ceux qui parlent le plus fort ou qui ont le plus d’argent. Notre travail, c’est de servir tout le monde.
C’est ça la différence entre les conservateurs et nous : nous, on écoute toutes les perspectives. On fait des changements lorsque c’est possible. Et nous savons qu’il n’y a pas de meilleures solutions que celles fondées sur un compromis.
L’économie évolue rapidement, ici et ailleurs. Les anciennes façons de faire ne fonctionnent plus aujourd’hui, sans parler de demain. Pour créer des nouveaux emplois pour la classe moyenne, nous avons besoin d’un plan pour l’économie digne du 21e siècle.
C’est le plan que nous avons et notre bilan parle de lui-même. Plus d’un million de nouveaux emplois ont été créés. 825 000 Canadiens ne vivent plus sous le seuil de la pauvreté depuis 2015, y compris près de 300 000 enfants.
Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard et les Canadiens pourront en tenir compte lorsqu’ils iront aux urnes cet automne.
Regardez mon parcours, et vous verrez que ça fait longtemps que je parle de l’importance d’exploiter nos ressources.
En 2013, j’ai donné un discours au Calgary Petroleum Club, où j’ai affirmé qu’une des responsabilités fondamentales du gouvernement consiste à acheminer les ressources du Canada vers de nouveaux marchés, au pays comme à l’étranger.
Mais dans le même discours, j’ai dit que pour y arriver, le Canada devait avoir un vrai plan pour l’environnement.
Eh bien, six ans plus tard, c’est encore ce que je pense.
Mes amis, notre gouvernement a l’environnement à cœur.
Comme nous avons à cœur la réussite économique des Canadiens.
Contrairement à ce que certains politiciens vous diront, l’un n’exclut pas l’autre. Il est dans l’intérêt national du Canada de protéger notre environnement et d’investir dans l’avenir, tout en veillant à ce que les gens puissent nourrir leurs familles aujourd’hui.
En allant de l’avant avec Trans Mountain et en utilisant les profits pour financer notre transition écologique, c’est exactement ce que nous faisons.
L’environnement et l’économie.
Des bons emplois pour la classe moyenne.
C’est comme ça que le Canada va réussir – aujourd’hui et demain.
Merci.