Allocution du chef du Parti libéral, Justin Trudeau, à Ottawa
26 janvier 2015
La version prononcée fait foi
Mes amis,
Merci de me recevoir chez nous à Ottawa ce soir pour le début de la dernière séance parlementaire avant les élections de 2015.
« Oui, nous avons besoin de la force de l’Ouest. Mais nous avons aussi besoin de la force de l’Est, la force du Nord, ert la force du Centre. Plus que tout nous avons besoin d’une classe moyenne forte. » -Justin Trudeau
J’aimerais aussi remercier Catherine McKenna, notre remarquable candidate pour Ottawa-Centre. Avocate, enseignante, chef de file d’ONG internationales, mère, et une voix forte pour tous et toutes dans cette circonscription, Catherine a une longue expérience – qui serait un peu trop longue à vous décrire au complet ce soir. Merci, Catherine, pour ton accueil chaleureux ce soir.
Et je me dois aussi de remercier nos deux députés d’Ottawa présents ce soir, Mauril Bélanger et David McGuinty. Et dans la même veine, un gros merci aux autres membres de notre équipe libérale de la région d’Ottawa-Gatineau, notamment nos excellents candidats : Andrew Leslie, Karen McCrimmon, Anita Vandenbeld, Greg Fergus, Will Amos, Steven MacKinnon, et Frank Drouin. Merci pour votre accueil chaleureux.
Avant de commencer à parler de ce que nous pouvons faire pour le Canada, j’aimerais prendre le temps de remercier un autre Canadien – pour ses loyaux services, et son dévouement à l’égard de notre pays. L’agent de la GRC, David Wynn a été enterré aujourd’hui. L’agent Wynn a été tué par balle dans l’exercice de ses fonctions, en tentant d’arrêter un criminel à St. Albert, en Alberta la semaine dernière. Nos pensées et nos prières sont avec sa famille ce soir.
Dernièrement j’ai beaucoup voyagé – pour parler avec les citoyens partout au pays.J’ai écouté les Canadiens – qui me demandent pourquoi les choses semblent plus difficiles aujourd’hui qu’il y a dix ans. Comme cette jeune mère à Milton qui, ainsi que plus de 17 000 autres, a perdu son emploi chez Target et qui maintenant se demande comment elle pourra nourrir ses deux enfants, quand elle pourra recommencer à travailler, et comment le gouvernement pourra l’aider. Ou Adam, un jeune marié de Windsor qui n’arrivait pas à trouver du travail dans l’enseignement, malgré le fait qu’il possédait toutes les compétences appropriées – il a dû partir. Ce jeune homme, comme tant d’autres dans la même situation se demandent pourquoi il n’y a pas d’emploi pour eux dans leur propre communauté.
Vous vous demandez peut-être comme moi, pourquoi ces histoires reviennent continuellement.
Et peut-être vous vous demandez qu’en est-il de toutes les promesses faites au sujet d’une reprise économique vigoureuse. Ou les promesses de responsabilisation. Toutes ces questions méritent des réponses. Ce sont des problèmes que nous ne pouvons négliger. Heureusement ce sont aussi des problèmes qui peuvent être réglés. Ce dont nous avons besoin c’est d’avoir le bon plan.
Mes amis, il y a quelques mois, nous avions une conversation économique très différente au Canada. Ce qui se passe partout dans le monde peut changer les choses très rapidement. Mais ce ne sont que quelques cas où ces changements nous forcent à nous demander si les vieilles méthodes conviennent toujours à notre époque. J’estime qu’en notre époque, nous devons nous rallier et poser des questions directes.
Stephen Harper a demandé aux Canadiens de lui faire confiance – il a dit qu’il était la personne qui savait tenir la barre d’une main ferme.
Alors, la première question qui se pose est : pourquoi les conservateurs de M. Harper ont-ils misé une grande partie de l’avenir du Canada sur le fait que le prix du pétrole demeurerait élevé?Parce que le prix n’est pas demeuré élevé, d’ailleurs il ne le demeure jamais. Deuxième question : pourquoi les conservateurs de M. Harper n’avaient-ils pas un plan plus équilibré?
La Banque du Canada a confirmé la semaine dernière ce que nombre d’entre nous savions déjà depuis un bon bout de temps : dans sa vision économique, M. Harper a négligé de prendre en compte ce qui a toujours fait du Canada un pays prospère : la diversité, l’équilibre, et les partenariats entre les régions et d’un secteur d’activités partout au pays.
Nous avons besoin d’un plan économique intelligent pour le Canada qui englobe toutes les régions et tous les secteurs d’activités. Un plan qui prend en compte les petites et les grandes entreprises, ainsi que tous les Canadiens. Avec un engagement concret envers les compétences et l’éducation de notre population et envers la recherche que nous faisons.
M. Harper était plutôt occupé à ne pas se soucier de la disparition des emplois du secteur manufacturier, et son ministre des Finances disait aux Ontariens qu’ils « n’avaient à s’en prendre qu’à eux-mêmes ».
Il y a une meilleure façon de faire. Il y a une meilleure équipe. Il y a un meilleur plan. Et si nous travaillons avec acharnement cette année, nous donnerons aux Canadiens un meilleur gouvernement.
Ce que les libéraux savent depuis des années c’est que l’économie du Canada se porte mieux lorsqu’elle est équilibrée et qu’elle tourne à plein régime. Lorsque tous les secteurs d’activités fonctionnent du mieux qu’ils le peuvent, et que toutes les régions font ce qu’elles font de mieux. La force du Canada ne devrait pas dépendre que d’une seule chose ni d’un seul endroit. Elle vient de la diversité de sa population et de la diversité de son économie.
Oui, nous avons besoin de la force de l’Ouest. Mais nous avons aussi besoin de la force de l’Est, la force du Nord, ert la force du Centre. Plus que tout nous avons besoin d’une classe moyenne forte. Grâce à un leadership et une vision à la hauteur de la tâche, nous pouvons bâtir cette force. Un leadership qui travaille avec acharnement pour tous les Canadiens, pas seulement pour quelques-uns.
Et ce n’est pas ce que M. Harper fait. Au contraire, sa principale priorité en cette période difficile est de protéger le cadeau de plus de deux milliards de dollars qu’il a fait aux Canadiens qui en ont le moins besoin. Je crois que c’est injuste. À mes yeux, une économie solide se bâtit sur une classe moyenne forte. Une économie qui fait en sorte que chaque Canadien a une chance réelle et équitable de réussir. Une économie qui fournit des salaires croissants et des occasions d’emploi. Et une économie qui aide tous les Canadiens qui travaillent tous les jours avec acharnement pour faire partie de la classe moyenne. Car c’est vraiment une question de priorités, n’est-ce pas?
C’est quand les choses deviennent difficiles que nous voyons réellement quelles sont les vraies priorités d’un chef.
Et quelle est la principale priorité de M. Harper en ce moment? Un important allègement fiscal pour les mieux nantis. Pensez-y un moment. Les Canadiens ont travaillé fort et ont fait des sacrifices pour sortir l’économie de la récession il y a sept ans. Ils ont créé les emplois et la croissance qui était sur le point d’équilibrer le budget fédéral.
Et que fait M. Harper? Il a consacré cet excédent, avant même que nous l’atteignions, à d’importantes réductions d’impôts consenties aux Canadiens les mieux nantis. Un cadeau de 2 000 $. En temps de crise, la principale priorité de M. Harper est de donner aux familles comme la sienne et la mienne, deux mille dollars. Laissez-moi vous dire : les familles comme la sienne et la mienne n’en avons pas besoin, et le Canada n’en a pas les moyens.
Nous n’en avions pas les moyens quand le prix du pétrole était à 100 $ le baril et il ne fait aucun doute que nous en avons encore moins les moyens maintenant. Nous devons être responsables.
Cela signifie que nous devrons cesser d’offrir des allègements fiscaux aux personnes qui n’en ont pas besoin, et nous devrons plutôt investir dans la classe sociale qui en a besoin.
J’ai remarqué que le premier ministre s’est pointé non loin d’ici hier, à Orléans. Je crois que le lieutenant-général Leslie l’a rendu un peu nerveux. Le premier ministre a dit que le meilleur plan pour la classe moyenne est celui qui met de l’argent dans leurs poches. Malgré tout, il fait campagne en défendant un plan qui prend l’argent de la classe moyenne et le donne aux plus nantis.Ils n’ont jamais laissé les faits entraver les opportunités politiques.
Comme exemple, en 2007, M. Harper a dit aux investisseurs internationaux, tout notre plus important secteur était l’énergie. Mais il y a à peine quelques jours, M. Harper déclarait que l’industrie pétrolière ne constitue absolument pas l’ensemble de l’économie canadienne.
Le ministre des Finances a déclaré que la baisse du prix du pétrole n’aurait aucune incidence sur le budget. Puis le lendemain, il s’est repris, oh attendez : oui ça va avoir un impact – tellement que le budget doit maintenant être retardé jusqu’au mois d’avril.
Puis, la semaine dernière, le ministre du Travail de M. Harper a affirmé que le gouvernement du Canada ne se servirait jamais de ses fonds de prévoyance pour aider à équilibrer le budget. C’était totalement hors de question! Mais cette semaine, le ministre des Finances lui a dit, attendez, oui nous l’utiliserons à cette fin.
Une version une journée; le contraire le lendemain. Ils improvisent au fur et à mesure. Je suis un enseignant, je peux vous dire que leurs excuses sont l’équivalent politique de « mon chien a mangé mes devoirs »
Nous sommes en 2015. Une année électorale. Lors des années électorales, sont habituellement les années où M. Harper peut soudainement situer l’Ontario sur une carte du Canada. Nous les Québécois sommes habitués depuis longtemps à être laissé pour compte par M. Harper.
Mais ici? J’ai passé beaucoup de temps dans cette belle province qu’est l’Ontario. Au sud-ouest, au nord, dans le Grand Toronto et oui, ici dans l’est. J’ai rencontré des milliers de personnes.
Des Ontariens qui travaillent avec acharnement et qui ont eu leur part de problèmes tout au long de cette décennie pendant laquelle M. Harper était au pouvoir. Les Ontariens sont des Canadiens passionnés. Ce sont des bâtisseurs, des travailleurs, des gens d’action.
Et plus que tout, ils souhaitent à leurs familles, à leurs communautés et à leur pays un avenir solide et prospère.
Savez-vous ce qu’ils veulent d’autre, mes amis? Ils veulent un changement. Ils en ont assez d’un gouvernement à Ottawa qui ignore leurs chefs, ignore leur économie, et ensuite se présente aux élections comme si de rien n’était.
Eh bien, laissez-moi vous dire : pas cette fois. Cette équipe exceptionnelle que nous bâtissons ici, à Ottawa, en Ontario, et partout au pays ne les laissera pas se présenter avec ce bilan. L’Ontario a besoin d’un partenaire à Ottawa, pas d’un adversaire. Et j’ai besoin de vous – l’Ontario a besoin de vous – pour travailler avec acharnement chaque jour en vue d’obtenir le droit d’être ce partenaire.
J’ai abordé ce sujet à London et à Windsor la semaine dernière. Les Ontariens méritent un gouvernement qui aide leurs communautés et leurs entreprises à innover et à investir pour la prospérité au 21e siècle. Vous savez quoi? Le ministre des Finances m’a attaqué pour ce que j’ai dit.
Je croyais qu’entre le report du budget et la correction des déclarations publiques de Jason Kenney, Joe Oliver serait trop occupé pour lancer des attaques personnelles.Pas vraiment, apparemment. M. Harper et ses conservateurs peuvent toujours trouver le temps de lancer des attaques et de diviser les Canadiens. Mais ce qu’ils ne savent pas faire, c’est de rassembler les gens, et de diriger. Les Ontariens, comme tout le reste du Canada, commencent à les découvrir.
Alors, je vous le dis, ils peuvent rester centrer sur moi tant qu’ils le veulent. Moi je resterai centré sur les Canadiens.
C’est ce qui nous distingue : Ce qui intéresse M. Harper, c’est de rendre encore plus riches les Canadiens qui sont déjà riches. Il ne s’intéresse qu’à m’attaquer. Il ne s’intéresse qu’à dépenser un milliard de dollars de l’argent des contribuables en publicité gouvernementale partisane.
Plus que tout, il ne tient qu’à conserver son poste. La priorité de M. Harper est d’aider les plus riches. Et naturellement de m’attaquer dans l’espoir de conserver son poste. Nous ce qui nous intéresse c’est d’aider les Canadiens qui travaillent dur à joindre les deux bouts. Ça c’est notre priorité.
Dans des périodes comme celle qui nous traversons en ce moment, le devoir d’un premier ministre est de renforcer la confiance du public et de soutenir les personnes qui en ont le plus besoin, et non celles qui en ont le moins besoin.
M. Harper a eu neuf longues années pour réussir à atteindre cet objectif. Il y a près de 4 000 jours déjà qu’il a été élu. Nous avons eu le temps d’en apprendre beaucoup sur son gouvernement. S’il y a une chose que nous avons apprise et dont nous sommes certains, c’est que M. Harper et son gouvernement ne changeront jamais.
Mais cette année, si nous travaillons avec acharnement, ce sont les Canadiens qui le changeront.
Nous savons tous qu’il s’agit d’une année électorale.Pendant les prochains mois, vous remarquerez beaucoup de jeux politiques, de sondages et de critiques. Oubliez tout ça. Chaque jour, nous devons penser aux Canadiens. C’est pour cette raison que nous nous sommes engagés. C’est pour cette raison que nous sommes ici ce soir. Parce que nous voulons en faire plus pour gagner les élections, nous voulons bâtir un grand pays.
C’est la différence que nous ne devons jamais oublier. Nous ne nous sommes pas engagés pour nous-même. Nous l’avons fait pour les Canadiens.
La priorité de ce gouvernement est de s’aider et d’aider les personnes qui en ont le moins besoin. Notre priorité est d’aider ceux qui en ont le plus besoin : les Canadiens de la classe moyenne, et les Canadiens qui travaillent fort tous les jours pour faire partie de la classe moyenne.
Ne l’oubliez pas. Souvenez-vous-en lorsque vous ferez du porte-à-porte, que vous battrez le pavé, et que vous parlerez à vos amis et à vos voisins. Souvenez-vous des personnes pour qui nous travaillons. Parce que de le lire dans une plate-forme est une chose, il faut que les Canadiens d’un bout à l’autre du pays puissent le voir dans nos yeux et l’entendre dans notre voix.
Mais ils doivent surtout le voir dans notre éthique de travail.Alors, sortez, allez dans votre communauté. Appuyez vos candidats locaux. Faites encore plus de porte-à-porte. Plantez une pancarte de plus. Faites un appel de plus.Le Canada est un pays magnifique, mes amis. Cette année, méritons nous le privilège d’offrir un meilleur gouvernement.