Déclaration de Justin Trudeau à propos de la prolongation de la mission en Irak et en Syrie
24 mars 2015
Les conservateurs proposent que le Canada s’engage dans une mission de combat vague et sans fin en Irak et en Syrie.
Nous devrions plutôt former les forces irakiennes pour le combat et contribuer de façon notable à une mission humanitaire planifiée et financée adéquatement.
Ce matin, à la Chambre des communes, le premier ministre a proposé d’étendre et d’intensifier la participation du Canada à la guerre en Irak, et d’élargir la mission afin d’y inclure la Syrie. Nous savons, à présent, que notre mission initiale qui était de « conseiller et d’assister » sans combat, et qui devait durer 30 jours, est devenue une mission de six mois au cours de laquelle les soldats canadiens ont dû aller sur les lignes de front et s’engager régulièrement dans des affrontements directs.
Permettez-moi d’être parfaitement clair : le Canada a un rôle à jouer dans la campagne contre l’État islamique. Mais ce rôle doit servir nos intérêts nationaux et ce que le premier ministre propose aujourd’hui ne remplit pas cette condition.Justin Trudeau
Nous, au Parti libéral, nous n’avons jamais été contre le fait que nos Forces armées canadiennes aient recours à la force dont elles disposent lorsque les objectifs servent clairement l’intérêt national du Canada.
Dans chaque cas, cet intérêt national doit être exprimé de façon claire et rationnelle. Cette mission doit avoir des objectifs transparents et reposer sur un plan sensé pour les atteindre. La participation à des affrontements directs dans cette guerre ne sert pas les intérêts du Canada. Tout comme elle ne formulera aucune solution constructive à l’énorme crise humanitaire qui frappe la région. Ce sont pour ces raisons que nous ne pouvons pas appuyer la proposition de prolongation et d’extension de la mission.
L’automne dernier, nous avons déclaré que nous n’appuierions pas la motion déposée par le premier ministre d’entrer en guerre en Irak, parce qu’il n’avait pas proposé un plan clair et responsable.
Les quatre principes de base que nous avions formulés à ce moment-là sont toujours d’actualité.
- Premièrement, le Canada a un rôle à jouer pour contrer les crises humanitaires et les menaces à la sécurité dans le monde.
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- Deuxièmement, lorsqu’un gouvernement envisage le déploiement de nos hommes et de nos femmes en uniforme, la mission et le rôle du Canada dans cette intervention doivent être clairement définis.
- Troisièmement, pour démontrer le bien-fondé du déploiement de nos forces armées, il faut le faire ouvertement et de façon transparente, en s’appuyant sur une présentation des faits claire, fiable et rationnelle.
- Quatrièmement, le rôle du Canada doit être le reflet de son plein potentiel, afin que nous puissions venir en aide de la meilleure façon qui soit.
Nous avions dit que nous craignions fortement que le premier ministre ait l’intention d’impliquer le Canada dans une mission de combat plus longue et plus prenante. Aujourd’hui, nous savons que ces craintes étaient fondées.
Les Canadiens ont besoin de savoir dans quoi les entraîne le premier ministre.
Les Nations Unies nous disent qu’après quatre ans d’une guerre sans merci, plus de la moitié des Syriens ont été chassés de leur demeure. Depuis des années, le peuple syrien est opprimé et terrorisé par son propre gouvernement, sous le joug de Bashar al-Assad. C’est un homme qui a utilisé des armes chimiques contre ses propres concitoyens et dont le régime est coupable d’avoir torturé et tué plus d’innocents que même l’EI.
Nous ne pouvons pas apporter notre soutien à une mission qui pourrait très bien consolider le pouvoir d’Assad en Syrie.En outre, le ministre des Affaires étrangères a explicitement comparé cette mission à celle menée en Afghanistan, en disant : « Nous sommes impliqués pour le long terme » [Traduction]. En Afghanistan, « long terme » s’est traduit par une décennie.
Le gouvernement propose aux Forces canadiennes de s’engager dans une mission de combat vague et sans fin, une mission que nous ne pouvons pas appuyer.
Permettez-moi d’être parfaitement clair : le Canada a un rôle à jouer dans la campagne contre l’État islamique. Mais ce rôle doit servir nos intérêts nationaux et ce que le premier ministre propose aujourd’hui ne remplit pas cette condition.
Le Canada a un intérêt évident à former et à équiper les forces irakiennes dans le but de combattre et d’anéantir l’État islamique. Nous pouvons et devrions dispenser cette formation loin des lignes de front, comme l’ont fait nos alliés. Sur le terrain, nous devrions fournir une assistance grâce à un effort d’aide humanitaire financé et planifié adéquatement. Ici au Canada, nous devrions augmenter nos objectifs en matière d’accueil des réfugiés et donner à un plus grand nombre de victimes de la guerre l’occasion de commencer une nouvelle vie au Canada.
Sans aucun doute, nos femmes et nos hommes en uniforme ont notre appui inconditionnel et indéfectible dans leur travail dangereux, dans cette partie instable du monde.
Notre gouvernement demande toutefois aux Canadiennes et aux Canadiens d’appuyer non seulement le renforcement de notre engagement dans la guerre en Irak, mais aussi l’élargissement de cet engagement dans une mission de combat en Syrie.
Et c’est pour cela que le Parti libéral du Canada n’appuiera pas cette motion du gouvernement.